Les traitements de la douleur
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Les traitements du cancer du sein peuvent être à l’origine de douleurs persistantes (semaines, mois années). Une douleur chronique est définie par une persistance de plus de 3 mois, mais au delà de la durée, se sont surtout l’intensité et le retentissement qui altèrent le quotidien et la qualité de vie. Il est tout à fait possible qu’une douleur chronique gêne très peu la personne concernée.
Les causes
La chirurgie au niveau du sein (mastectomie, tumorectomie)
Au cours de la chirurgie, notamment quand elle concerne les ganglions de la région de l’aisselle, les nerfs de la région du sein peuvent être endommagés, ce qui entraîne une douleur dite neuropathique régionale. Cette douleur, encore appelée névralgie intercosto brachiale, est d’intensité modérée à forte pour 10 à 24% des femmes opérées. La douleur peut apparaître juste après la chirurgie ou survenir après un intervalle libre de quelques semaines à plusieurs mois.
Actuellement, il n’existe pas de mesure préventive qui ait fait ses preuves, même si il semble que le risque de douleur soit diminué par la technique du ganglion sentinelle. La durée de ces douleurs (spontanée, sans traitement) est par ailleurs imprévisible.
Un lymphœdème du bras est parfois présent après la chirurgie. Il n’est pas en lui même responsable de douleur mais il peut toutefois :
- Entretenir et majorer une névralgie intercosto brachiale déjà présente ;
- Entraîner des douleurs musculo-articulaires de l’épaule si le poids du bras est très augmenté ;
- Faire apparaître une problématique pré-existante latente comme un syndrome du canal carpien par exemple (compression du nerf médian au poignet qui provoque des engourdissements et des fourmillements dans les doigts ainsi qu’une perte de force musculaire dans le poignet et la main concernés.)
La radiothérapie
Le risque d’atteinte des nerfs lié à la radiothérapie (plexite radique) est très rare avec les techniques actuelles d’irradiation. La radiothérapie peut toutefois être à l’origine de la survenue de douleur de type névralgie intercosto brachiale.
La chimiothérapie
Les traitements de chimiothérapie de la famille des taxanes peuvent être à l’origine de polyneuropathies douloureuses, apparaissant parfois lors de la première cure. Le risque est difficile à chiffrer et il n’existe pas de traitement préventif ayant fait ses preuves.
L’hormonothérapie
Administrée pendant de nombreux mois, elle peut entraîner des douleurs musculaires et articulaires. De manière générale, 10 à 24% des patientes recevant une hormonothérapie présentent des douleurs modérées à sévères. Dans ces chiffres, il y a toutefois une part de douleurs musculaires et articulaires attribuable à d’autres causes.
Une récidive du cancer du sein
Une récidive, en particulier au niveau osseux, peut être à l’origine de douleurs. Les traitements utilisés dans le cadre d’une récidive peuvent également entraîner des douleurs.
Quelle attitude adopter en cas de douleur persistante ?
Toute douleur qui s'installe, qui persiste, qui se modifie, justifie un avis médical auprès de votre médecin traitant ou des médecins de l'équipe soignante.
La consultation est nécessaire pour établir un diagnostic, évaluer l'intensité de la douleur et son retentissement, ainsi que pour discuter de la prise en charge.
La majorité de ces douleurs sont de caractère neuropathique (liées à une lésion des nerfs) et d'évolution imprévisible. Lorsque la douleur est présente, il est la plupart du temps impossible de prédire si elle est susceptible de disparaître ou non et dans quel délai. Il est donc important de ne pas perdre de temps et la signaler au plus vite pour une prise en charge précoce.
Le traitement
Le traitement repose sur l'utilisation de médicaments antidouleur (antalgiques, médicaments spécifiques des douleurs neuropathiques) et/ou le recours à des techniques non médicamenteuses (kinésithérapie/rééducation, neurostimulation transcutanée, hypnoanalgésie, thérapie cognitives et comportementales appliquées à la douleur chronique....). N'hésitez pas à vous renseigner sur ces techniques auprès de l'équipe soignante.
Les douleurs en relation avec les traitements du cancer du sein sont des douleurs persistantes. Leur soulagement n'est le plus souvent pas radical dès le début du traitement. Ce type de douleur nécessite un suivi et parfois des ajustements des médicaments (selon leur efficacité et leurs effets secondaires éventuels).
Si la douleur est difficile à soulager, le médecin traitant ou le cancérologue peut vous orienter vers une consultation spécialisée où exercent des équipes pluridisciplinaires, susceptibles de proposer une évaluation et une prise en charge globale, bio-psycho-sociale.
Une bonne collaboration entre les différents acteurs, médecin traitant, cancérologues, équipe douleur, kinésithérapeute et parfois médecin du travail, est très importante.
Exercices de rééducation
Si vous entamez une rééducation à la suite d’une chirurgie du cancer du sein, le service de rééducation vous a peut-être remis un livret de conseils ou d’exercices à suivre en complément de la rééducation de votre masseur kinésithérapeute. Voici quelques exercices qui peuvent vous être proposés. Vous devez, selon les conseils de votre masseur kinésithérapeute, les réaliser deux à trois fois par jour en dehors des séances de rééducation. Ces exercices se réalisent à votre convenance debout ou assis sur un tabouret. Il est conseillé de porter des vêtements confortables et de respirer régulièrement lors de chaque exercice.
Pour les tensions éventuelles de la nuque et des épaules
Réalisez les mouvements suivants en comptant lentement 3 ou 4 secondes pour chacun d’eux :
- Fléchissez la tête vers le bas (comptez 4 secondes) puis vers le haut (4 sec). Revenez en position normale (4 sec) ;
- Tournez la tête vers la gauche (comptez 4 secondes), progressivement au maximum, sans provoquer de douleur, puis tournez lentement la tête vers la droite (4 sec), également au maximum sans douleur et revenez tranquillement en position de départ.
Pour éviter les douleurs au pli du coude et les mauvaises positions dites « antalgiques »
Tendez lentement le bras du côté opéré le long du corps, puis pliez votre coude et étendez-le à nouveau au maximum. Répétez 2 à 3 fois
Pour vos épaules
Effectuez les mouvements suivants lentement sans charge, de façon symétrique, de 5 à 10 fois selon votre envie et votre état de fatigue. Il est parfois préférable d’être devant un miroir pour vérifier la symétrie des exercices.
Vous pouvez vérifier la différence de souplesse de vos épaules et en apprécier la progression, en vous installant devant un miroir et en levant les deux bras vers le plafond.
Le haussement des épaules : levez les deux épaules vers le plafond en inspirant puis abaissez-les lentement en soufflant.
L’enroulement des épaules : serrez d’abord les épaules en arrière, en inspirant, puis projetez-les en avant en soufflant
La flexion-extension de l’épaule : placez votre main sur l’épaule du même côté, avant de lever le coude le plus haut possible en avant en inspirant, puis l’abaisser en soufflant.
L’élévation latérale du bras : gardez votre main sur l’épaule puis élevez le coude sur le côté en inspirant et l’abaisser en soufflant.
Mouvement fonctionnel : cet exercice associe tous les précédents dans un mouvement global du membre supérieur. Posez successivement votre main sur le genou, sur l’épaule puis sur la nuque et sur le haut de la tête avant de le tendre vers le plafond.
Exercice d’auto posture à réaliser couchée sur le dos pour stabiliser votre dos : les genoux sont pliés pour limiter la cambrure du dos. Les bras sont positionnés le long du corps. Élevez jusqu’à la verticale les deux bras en vous tenant les mains, coudes bien tendus et inspirez.
En fonction de votre souplesse ou des conseils du masseur-kinésithérapeute, continuez ce geste vers le dessus de la tête tant que cela ne provoque pas de douleur, en soufflant le plus longtemps possible. Essayez de maintenir cette position pendant 6 à 10 secondes. Puis, ramenez les bras le long du corps en respirant normalement.
L’objectif à 4 ou 6 semaines est, en étant allongée sur le dos, d’amener votre bras le long de votre tête jusqu’à venir toucher le plan du lit (si cela vous était possible auparavant).
Kinésithérapie
Chaque patiente traitée pour un cancer du sein peut bénéficier d’une rééducation à différentes étapes de sa maladie. Une kinésithérapie peut être prescrite soit après une chirurgie du cancer du sein, soit pendant et après une radiothérapie de l’aisselle. Chaque situation est particulière ; c’est la raison pour laquelle, après un bilan, le masseur-kinésithérapeute vous propose une prise en charge adaptée. Il tient compte de votre âge, du type de traitement que vous avez reçu, de votre état physique et de vos antécédents médicaux.
A qui s’adresser ?
N’hésitez pas à demander conseil à votre équipe médicale qui peut vous aider à trouver la liste des masseurs-kinésithérapeutes spécialisés dans cette prise en charge. Vous pouvez également vous rendre sur le site de l’Association française des masseurs kinésithérapeute pour la recherche et le traitement des atteintes lympho-veineuses (AKTL) : www.aktl.org.
Les objectifs
La kinésithérapie après un cancer du sein vise à :
Traiter les complications veineuses et/ou lymphatiques (lymphocèle, lymphœdème) ;
Éviter que vous n’adoptiez, par réflexe, des positions qui semblent vous soulager sur le moment mais qui peuvent être sources d’enraidissement (on parle de positions antalgiques
Retrouver progressivement la mobilité de votre épaule et de votre bras à l’aide d’exercices spécifiques. Notamment en prévision des séances de radiothérapie qui nécessitent de pouvoir monter votre bras au-dessus de la tête ;
Aider à la cicatrisation (à la suite de la chirurgie du cancer et/ou de reconstruction du sein) et, si nécessaire, assouplir la cicatrice et les tissus
Atténuer les douleurs vives (syndrome des cordelettes axillaires ou thromboses lymphatiques superficielles) ;
Conserver votre force physique et votre mobilité ;
Améliorer votre bien être général (soulager les tensions du cou, du dos, de la zone opérée) ;
Reprendre vos activités quotidiennes et progressivement vos activités sportives si vous en aviez.
Les principes de la rééducation
Les premières semaines, les gestes de rééducation sont réalisés de manière lente, douce et progressive. La rééducation effectuée sous le contrôle du masseur-kinésithérapeute est sans risque pour vous. Par la suite, une auto-réeducation réalisée par vous-même à votre domicile est indispensable. Elle consiste à reproduire les mouvements indiqués lors de l’hospitalisation ou des séances de kinésithérapie ou encore qui ceux qui figurent sur les fascicules d’informations remis par l’équipe soignante.
Le massage des cicatrices
Après une intervention du sein (le plus souvent après le 8ème jour), la cicatrisation peut provoquer des tiraillements potentiellement désagréables, qui risquent d’entraîner par position antalgique » une raideur de l’épaule. Une kinésithérapie précoce, par mobilisation et drainage manuel dans un premier temps, favorise une meilleure revascularisation et aide à redonner de la souplesse à la peau. D’autres techniques de massages spécifiques visent à assouplir les cicatrices. Par la suite, des pansements siliconés peuvent par exemple être appliqués en complément des massages.
La kinésithérapie pendant la radiothérapie
Vers la fin de la troisième semaine de radiothérapie, la réaction d’échauffement produite sur la région irradiée peut limiter la souplesse de votre épaule. La radiothérapie peut également être responsable d’un œdème réactionnel de la zone irradiée. Des techniques douces de drainage manuel peuvent limiter ces symptômes. Lorsque la peau n’est plus inflammatoire, d’autres techniques de massage permettent à celle-ci de retrouver une meilleure souplesse.
La kinésithérapie et la reconstruction mammaire
Qu’elle soit immédiate ou à distance de l’intervention, la reconstruction peut être préparée et/ou suivie par une kinésithérapie spécifique. Réalisée avant la reconstruction, des massages et des étirements spécifiques de la peau du thorax peuvent permettre une meilleure mise en place d’un implant mammaire par exemple. Après la chirurgie et sur indication de votre chirurgien, une mobilisation de votre épaule et l’utilisation de techniques manuelles, douces et adaptées, au niveau de la zone reconstruite visent à améliorer la circulation locale.