Chimiothérapie

Plusieurs médicaments de chimiothérapie sont utilisés pour traiter les cancers du testicule. Ces médicaments, administrés par perfusion, agissent sur les mécanismes de la division cellulaire pour empêcher les cellules cancéreuses de se multiplier. On les appelle traitements généraux, ou systémiques, car ils circulent et agissent dans l'ensemble du corps. Cela permet d'atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n'ont pas été détectées lors du diagnostic.

Plusieurs médicaments de chimiothérapie sont utilisés pour traiter les cancers du testicule. Ces médicaments, administrés par perfusion, agissent sur les mécanismes de la division cellulaire pour empêcher les cellules cancéreuses de se multiplier. On les appelle traitements généraux, ou systémiques, car ils circulent et agissent dans l'ensemble du corps. Cela permet d'atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation, même si elles sont isolées et n'ont pas été détectées lors du diagnostic.

Avant de commencer la chimiothérapie, l'oncologue médical vous en explique le principe et les objectifs. Il vous informe également des effets secondaires possibles et des solutions qui existent pour les anticiper ou les limiter. N'hésitez pas à lui soumettre toutes les questions que vous vous posez au sujet de ce traitement.

Dans quels cas une chimiothérapie est-elle indiquée ?

Une chimiothérapie peut être envisagée à différents stades de la maladie, allant des formes localisées aux cas plus avancés ou métastatiques. Votre équipe médicale déterminera le meilleur plan de traitement en fonction de votre situation.

  • Pour les tumeurs germinales non séminomateuses (TGNS) : la chimiothérapie peut être indiquée pour les formes localisées (stade I) ; elle est toujours proposée pour les formes avancées ou métastatiques (stades II et III).
  • Pour les tumeurs germinales séminomateuses (TGS) : la chimiothérapie peut être indiquée pour les formes localisées (stade I). Elle est aussi utilisée pour les formes avancées, et elle est toujours proposée lorsque des métastases sont détectées (stades II et III). 

Quels médicaments de chimiothérapie sont utilisés ?

Les médicaments employés et le nombre de cures varient en fonction du type de cancer (TGS ou TGNS), sur la base de doses et de rythmes prédéfinis.

Un médicament peut être employé seul (monothérapie) ou, le plus souvent, associé à d'autres médicaments (polychimiothérapie), formant un schéma, ou protocole, de chimiothérapie.  

Plusieurs protocoles peuvent être utilisés, par exemple :

  • le protocole BEP, qui associe la bléomycine, l'étoposide et le cisplatine ;
  • le protocole EP, qui associe l'étoposide et le cisplatine.

Les tumeurs germinales séminomateuses de forme localisée peuvent être traitées à base de carboplatine seul, en cure unique.

Pour en savoir plus sur ces médicaments, vous pouvez consulter la Base de données publique des médicaments du ministère chargé de la Santé.

Comment se déroule le traitement ? 

Votre traitement est planifié avec soin en fonction de votre situation. Vous recevrez un calendrier indiquant le lieu, les jours de traitement et les noms des médicaments utilisés.  

La durée totale du traitement est variable et dépend du nombre de cures planifiées. Chaque cure se déroule sur une période déterminée, suivie d'une période de repos (en général cinq jours de cure puis deux semaines de repos).  

L'administration des médicaments se fait dans une veine, par perfusion, en général à l'hôpital. 

Avant chaque cure : examens et préparation

Avant chaque cure, un examen clinique et des analyses de sang sont effectués pour vérifier que votre état de santé permet de poursuivre le traitement. Ces analyses évaluent divers éléments tels que votre taux de globules rouges, de globules blancs, de plaquettes, les marqueurs tumoraux et le fonctionnement de vos reins. En cas d'anomalies, comme une baisse importante du taux de globules blancs, votre traitement peut être reporté ou modifié.

Exemple d'une cure selon le protocole BEP

Le protocole BEP associe la bléomycine, l'étoposide et le cisplatine. Vous êtes hospitalisé pendant cinq jours et recevez une perfusion de médicaments par jour. À la fin de ces 5 jours, vous pouvez sortir de l'hôpital et observer deux semaines de repos.

Pour le complément de bléomycine, vous devez revenir une fois par semaine durant votre temps de repos, mais cette injection se fait en ambulatoire : vous ne restez pas dormir à l’hôpital. 

La pose d'une chambre implantable, qu’est-ce que c’est ? 

Parfois, suivant l’état de vos veines, une chambre implantable est nécessaire pour faciliter l'administration des médicaments et réduire les douleurs liées aux injections répétées. Il reste en place pendant toute la durée du traitement et vous permet d'avoir une vie normale. 

Ce dispositif, aussi appelé port-à-cath® ou PAC, est composé d'un petit boîtier, la chambre implantable, et d'un tuyau souple et fin, un cathéter. Il est placé sous la peau au cours d'une courte intervention chirurgicale sous anesthésie locale. Si une chirurgie est prévue avant la chimiothérapie, le chirurgien peut en profiter pour installer ce dispositif. Le boîtier est placé au niveau du thorax et relié au cathéter, lui-même placé dans une veine. Après l'intervention, une radiographie du thorax est réalisée pour vérifier que le dispositif est placé correctement.

Lorsque le dispositif n'est plus utile, il est enlevé lors d'une courte intervention chirurgicale sous anesthésie locale. 

 Cette chambre n'est pas nécessaire pour la cure unique de carboplatine.

En savoir plus : notre fiche sur la chambre implantable 

Quel bilan après la chimiothérapie ?

Après la chimiothérapie, un bilan est effectué pour évaluer l'efficacité du traitement.

Il comprend une TDM thoraco-abdomino-pelvienne et un dosage des marqueurs du cancer. Pour les tumeurs germinales séminomateuses, une TEP/TDM peut être réalisée en complément. L'imagerie permet de visualiser d'éventuelles masses résiduelles dans l'abdomen.

Selon les résultats de ce bilan, un traitement complémentaire de la chimiothérapie peut être programmé, comme un curage des masses résiduelles.

Si aucun traitement complémentaire n'est nécessaire, une surveillance est mise en place.

En cas de progression de votre maladie, vous serez orienté vers une équipe spécialisée. Une chimiothérapie complémentaire vous sera proposée, si possible dans le cadre d'un essai clinique.

Durant toute la durée de votre traitement et après, n'hésitez pas à poser des questions et à partager vos préoccupations avec votre équipe médicale. 

Les effets indésirables

Les effets secondaires de la chimiothérapie varient selon les médicaments utilisés, les dosages et les personnes. Certains effets secondaires peuvent être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques.

Les effets secondaires les plus fréquents des médicaments utilisés pour traiter le cancer du testicule sont présentés ci-après. En fonction du protocole qui vous a été proposé, votre médecin vous indique de façon précise ceux qui peuvent vous concerner et vous informe sur les moyens d'y faire face.

La liste ci-dessous aborde les effets secondaires les plus fréquents. Cette liste peut être impressionnante. Gardez à l'esprit que la survenue de l'ensemble de ces effets n'est pas systématique.

Effets secondaires et efficacité du traitement

La présence ou l'absence d'effets secondaires n'est pas liée à l'efficacité de la chimiothérapie. Ne ressentir aucun effet secondaire ne signifie pas que le traitement est inefficace et, inversement, ressentir de nombreux effets secondaires ne signifie pas qu'il est particulièrement efficace.

En cas de réactions allergiques, alertez votre médecin

Comme tout médicament, les produits de chimiothérapie peuvent être source d'allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, d'essoufflement, de fièvre, de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), de difficultés à respirer ou de tout autre trouble inhabituel.

Limiter les nausées et vomissements

Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la perfusion. Elles durent rarement plus de 72 heures après le traitement. Elles ne sont pas systématiquement accompagnées de vomissements.

Des phénomènes de nausées anticipatoires peuvent survenir : elles commencent parfois dès l'entrée dans l'hôpital, avant le début de la perfusion. Ces nausées sont liées à l'anxiété provoquée par le traitement et peuvent être réduites par des médicaments ou par des techniques de relaxation.

Un traitement est le plus souvent prescrit avant, pendant et après la chimiothérapie pour réduire les risques de nausées et de vomissements, y compris anticipatoires. Il s'agit de médicaments appelés antiémétiques. Si ces effets secondaires apparaissent malgré le traitement préventif, signalez-le à votre médecin.

Lorsque des vomissements surviennent, il est conseillé de se rincer la bouche avec de l'eau froide et d'attendre 1 à 2 heures avant de manger. Les vomissements ne persistent en général pas plus de 48 heures après le traitement.

Conseils pratiques pour limiter les nausées et vomissements

À faire :

  •  Privilégier les aliments froids ou tièdes qui sont moins odorants que les aliments chauds.
  •  Privilégier plusieurs petits repas, plutôt que deux repas traditionnels plus longs à digérer.
  •  Manger lentement afin de faciliter la digestion.
  •  Manger légèrement avant et après le traitement.

À éviter :

  •  Les aliments lourds difficiles à digérer comme les aliments frits, gras ou épicés.
  •  Boire pendant les repas, mais boire plutôt avant ou après. Les boissons gazeuses fraîches, à base de cola notamment, aident parfois à diminuer les nausées.
  •  Le tabac.

S'alimenter différemment pour retrouver l'appétit

Parfois, une chimiothérapie entraîne une perte de l'appétit. Une modification du goût peut aussi survenir, de manière temporaire. Un diététicien peut vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter pendant votre traitement.

Surveiller une baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Les médicaments de chimiothérapie ont souvent des effets secondaires sur le sang et la moelle osseuse.

Ils peuvent entraîner :

  •  Une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des polynucléaires neutrophiles (neutropénie) ou des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d'infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
  •  Une baisse du nombre de globules rouges (anémie), chargés de transporter l'oxygène dans tout le corps. L'anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s'atténue pas avec le repos ;
  •  Une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), responsables de la coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d'hématomes et de saignements.

Une baisse importante et simultanée du nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut se produire. On parle alors d'aplasie.

Avant chaque cure de chimiothérapie, des prises de sang permettent de vérifier les taux de globules blancs, globules rouges et plaquettes. En dessous d'un certain seuil, la séance de chimiothérapie peut être remise à plus tard.

Il est parfois nécessaire de prescrire des facteurs de croissance lorsque la baisse du nombre de globules blancs ou de globules rouges est trop importante. Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes peut être réalisée.

En cas de fièvre ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), consultez immédiatement votre médecin.

Limiter d'éventuelles lésions de la bouche

Certains médicaments de chimiothérapie peuvent entraîner des lésions à l'intérieur de la bouche et le long du tube digestif (aphtes, rougeurs, douleurs). On parle de mucite (inflammation d'une muqueuse) ou encore de stomatite (mucite de la bouche).

À faire :

  •  Après les repas, réaliser des bains de bouche prescrits par le médecin.
  •  Se brosser régulièrement les dents avec une brosse à dents souple.
  •  Sucer des glaçons, de la glace pilée, des glaces à l'eau et des sorbets, des bonbons à la menthe.
  •  Boire beaucoup (eau minérale, thé, tisane, boisson à base de cola).
  •  Privilégier les aliments moelleux ou mixés.
  •  S'hydrater les lèvres en appliquant un lubrifiant gras (vaseline, beurre de cacao).

À éviter :

  •  Les aliments qui favorisent l'apparition d'aphtes, comme les noix, le gruyère ou l'ananas.
  •  Les bains de bouche à base d'alcool : ils dessèchent la muqueuse de la bouche et risquent de provoquer des sensations de brûlure.
  •  Le tabac et l'alcool, surtout dans les semaines qui suivent le traitement.
  •  Les aliments trop épicés ou acides (jus de citron, vinaigrette, moutarde), secs, croquants ou durs.

Dès que vous constatez des aphtes ou des douleurs, prévenez votre médecin afin de recevoir un traitement anti-douleur adapté.

Gérer et prendre en charge les sensations d'engourdissement ou de fourmillements

Certains médicaments de chimiothérapie ont un effet toxique sur les nerfs (notamment les médicaments dérivés du platine, comme le cisplatine ou le carboplatine). Ils peuvent entraîner des troubles de la sensibilité, appelés paresthésies, qui se manifestent par des sensations d'engourdissement, de fourmillements ou de picotements. Ces troubles peuvent parfois persister dans le temps.

Lorsque les cheveux tombent

La chute des cheveux (appelée alopécie) peut être difficile à vivre car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est souvent progressive et temporaire. Elle commence en général 2 à 3 semaines après la première perfusion. Les cheveux commencent à repousser environ 6 à 8 semaines après la fin du traitement. Les cils, les sourcils et les poils pubiens peuvent également tomber provisoirement.

Limiter les troubles de la peau

Certains médicaments de chimiothérapie comme la bléomycine peuvent entraîner des troubles au niveau de la peau : rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillement...

Parmi ces troubles, le syndrome main-pied se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Il se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques.

Conseils pratiques pour limiter les troubles de la peau

À faire :

  •  Appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau.
  •  Réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne).
  •  Porter des vêtements amples et des chaussures souples.

À éviter :

  •  L'exposition des mains et des pieds à la chaleur (soleil, bains chauds).
  •  Les activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage...).
  •  Les pansements adhésifs ou les bandages serrés.
  •  La course à pied.

Si, malgré l'application de ces conseils, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n'empirent. Des médicaments anti-douleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Signaler la fatigue pour mieux la surmonter

En dehors de la fatigue causée par la maladie elle-même, par l'appréhension des examens ou encore par les déplacements quotidiens, la fatigue peut être liée à la chimiothérapie. Elle dépend de votre tolérance à ce traitement, du nombre de cures et des effets secondaires. En effet, une anémie, une perte d'appétit, des nausées et des vomissements, une fièvre ou encore des douleurs peuvent contribuer à cette fatigue. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l'équipe soignante afin qu'elle soit prise en charge le mieux possible.

Il est, par ailleurs, prouvé qu'une activité physique régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements.

Chimiothérapie et fertilité

La chimiothérapie altère fréquemment la production de spermatozoïdes. Le plus souvent, cet effet est temporaire, et la fertilité est rétablie progressivement à l'arrêt du traitement. Une conservation de sperme auprès d'un CECOS (Centre d'étude et de conservations des œufs et du sperme humains) vous est proposée pour prévenir les risques d'infertilité liés au traitement.

La chimiothérapie est également susceptible d'entraîner temporairement des mutations dans l'ADN des spermatozoïdes. Pour cette raison, une contraception est nécessaire pour vous ou votre partenaire pendant la durée du traitement et jusqu'à un an après son terme. Elle permet d'éviter tout risque de fécondation à partir d'un spermatozoïde altéré par le traitement.

Une baisse de la libido normale et temporaire

Comme avec toute chimiothérapie, la libido peut être modifiée pendant le traitement et quelque temps après. Les effets secondaires des médicaments comme la fatigue, le stress, les nausées et les vomissements peuvent en effet diminuer temporairement le désir ou la capacité physique. Lorsque le traitement est terminé et que les effets secondaires disparaissent, le désir revient souvent à son niveau habituel.

D'autres effets indésirables, rares et surveillés par votre équipe soignante

Signaler l'apparition de tout problème d'audition

Des troubles auditifs de type difficultés à entendre ou bourdonnements d'oreille peuvent apparaître. Il est important de les signaler à l'équipe soignante.

Surveiller une atteinte des poumons : essoufflement, toux

La bléomycine peut provoquer une atteinte des poumons dont les signes visibles sont une toux ou un essoufflement au repos. C'est un effet secondaire rare et qui dépend de la dose de médicament qui vous est administrée. Tout au long de la chimiothérapie et dans les semaines qui suivent, la survenue de cet effet indésirable est surveillée. S'il apparaît, le traitement peut être arrêté pour éviter toute complication.

Prévenir et surveiller la survenue de troubles rénaux

Certaines molécules, notamment le cisplatine, peuvent avoir une incidence sur la fonction rénale. Afin de diminuer la toxicité de ces médicaments au niveau des reins, une hyperhydratation avant et pendant la chimiothérapie est effectuée. L'hyperhydratation consiste à perfuser au patient du liquide physiologique en quantité abondante et à lui faire boire beaucoup d'eau. Ceci permet de diluer le médicament, ce qui diminue sa toxicité, mais pas son efficacité. Cette technique nécessite une hospitalisation pour chaque cure de chimiothérapie. Une surveillance des reins, par une prise de sang, est systématiquement prévue avant chaque cure de chimiothérapie afin de surveiller leur fonctionnement.

Risque cardiaque et syndrome métabolique

Des effets secondaires tardifs et rares peuvent parfois se produire, comme des troubles cardiaques ou un syndrome métabolique, c'est-à-dire de l'hypertension artérielle, une hypercholestérolémie ou un diabète.

Une pratique physique régulière et l'arrêt du tabac permettent de diminuer le risque de survenue de ces effets indésirables. Votre médecin peut vous conseiller si vous souhaitez arrêter de fumer ou démarrer une activité physique.

Risque de second cancer

Le risque de second cancer est très faible.