Evaluer la douleur chez l’enfant
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Comprendre et évaluer la douleur d’un enfant atteint d’un cancer est la première étape vers un traitement efficace. La douleur est très personnelle et émotionnelle et donc difficile à mesurer. Évaluer la douleur de l’enfant, c’est entre autres savoir l’écouter, surveiller les signes de douleur et observer comment son corps réagit à la douleur.
Savoir écouter et observer l’enfant
La façon dont un enfant décrit sa douleur est très importante pour l'évaluer. Il est donc important d’écouter comment il la définit.
En fonction de leur âge et de leur stade de développement, les enfants vont décrire différemment la douleur. Généralement, à partir de 6 ans, ils arrivent à parler de leur douleur mais cela peut varier d’un enfant à l’autre. Ils peuvent dire quand ils ont mal, combien ils ont mal, où et comment même si les plus jeunes peuvent avoir des difficultés à exprimer ce qu’ils ressentent.
Lorsque les enfants ne savent pas encore parler, reconnaître et évaluer leur douleur est plus compliqué. En fonction de leur âge, de leur développement et de leur sensibilité, ils expriment la douleur en modifiant leur comportement habituel (baisse d’activité, pleurs, position figée dite position antalgique), leur caractère (humeur capricieuse, refus de jouer) ou leurs habitudes (difficulté à s’endormir par exemple).
Un enfant qui a mal n’est pas toujours un enfant qui pleure. Certains enfants ne disent pas qu’ils ont mal ou minimisent leur douleur, par crainte des piqûres ou d’aller à l’hôpital ou parce qu’ils ont peur d’embêter leurs parents ou de les rendre tristes. Certains ne parlent pas de leur douleur parce qu’ils ne veulent pas paraître faibles. Au-delà d’une certaine intensité de douleur, certains enfants deviennent immobiles, muets, trop sages.
Pour reconnaître un enfant qui souffre, il faut donc à la fois bien le connaître et identifier les signes possibles de douleur. Les parents jouent un rôle essentiel auprès des soignants. Ils sont souvent les premiers à sentir que leur enfant a mal.
Lorsque vous avez un doute, prenez le temps d’observer le comportement de votre enfant et notez vos observations. Recommencez quelques heures après pour comparer vos observations. Si votre doute persiste, contactez votre médecin.
Lors des soins, si cela est possible, il est conseillé de rester aux côtés de l’enfant pour le rassurer.
Les outils d’évaluation de la douleur
Accompagné par un soignant, dès 4 ou 5 ans, l’enfant peut évaluer lui-même sa douleur en s'aidant de différentes échelles de la douleur. Pour les plus petits ou pour les enfants qui ont des difficultés à communiquer, il existe des échelles d'évaluation basées essentiellement sur l'observation des soignants et des parents.
L’évaluation par l’enfant lui-même
Dès lors que les enfants sont en âge et en capacité d’exprimer leur douleur, il existe plusieurs échelles d’autoévaluation de la douleur qui permettent aux soignants de déterminer la prise en charge de la douleur.
L’échelle des visages
L’échelle des visages représente 6 visages correspondant à 6 intensités de douleur. L’enfant doit désigner le visage qui correspond à ce qu’il ressent à l’intérieur. Cette échelle permet aux soignants d’évaluer l’intensité de la douleur. Elle est utilisable à partir de 4 ans.
L’échelle visuelle analogique
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L’échelle visuelle analogique est l’équivalent de l’échelle EVA adulte LIEN. Elle est utilisable à partir de 6 ans.
L’enfant doit montrer la position symbolique de sa douleur entre les valeurs « pas mal du tout » et « très très mal ». Au dos, les soignants obtiennent une valeur chiffrée qui leur permet de quantifier l’intensité de la douleur.
L’échelle numérique
L’échelle numérique peut s’utiliser à partir de 8 ans. On demande à l'enfant de donner une note à sa douleur entre 0 et 10. 0 correspond à « pas mal » et 10 à la douleur la plus forte.
L’évaluation par les adultes
Pour les plus jeunes enfants et les enfants handicapés, on évalue la douleur grâce à des échelles comportementales.
En cancérologie, il existe deux questionnaires : le DEGR® (Douleur Enfant Gustave Roussy) ou sa version raccourcie, appelée Questionnaire HEDEN
Ces questionnaires permettent à un observateur (médecin, soignant, parent) d’évaluer la douleur d’un jeune enfant selon des critères liés au comportement : cris-pleurs, visage, plaintes verbales, corps, mains, jambes.
En observant l’enfant, l’observateur attribue une note chiffrée à chacun de ces critères. L’addition de ces notes permet d’obtenir un « score de douleur ».
Pour le questionnaire DEGR®, un score supérieur ou égal à 10 sur 40 nécessite un traitement contre la douleur.
Pour le questionnaire HEDEN®, un score supérieur ou égal à 3 sur 10 nécessite la prescription d’un traitement contre la douleur.
L’équipe soignante vous expliquera comment utiliser ces questionnaires. N’hésitez pas à demander de l’aide en cas de besoin, notamment pour le vocabulaire spécifique utilisé.
Pour en savoir plus :
https://www.sparadrap.org/parents/la-sante-au-quotidien/que-faire-si-mon-enfant-mal