Projets de recherche translationnelle sur les cancers de mauvais pronostic
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Les cancers pour lesquels le taux de survie à 5 ans reste inférieur à 30%, dits "de mauvais pronostic", n’ont pas connu les mêmes avancées que d'autres types de cancers ces dernières années. Pour améliorer significativement le taux de survie des patients concernés et développer la recherche translationnelle sur cette problématique, l’Institut en a fait l’un des quatre axes majeurs de sa stratégie décennale. Il met ainsi en place des actions phares pour stimuler la recherche et accélérer l'accès à des thérapies innovantes.
Depuis 2022, la recherche translationnelle sur les cancers de mauvais pronostic a bénéficié de trois actions majeures :
- un appel à projets "High-Risk, High-Gain" (AAP HRHGMP), qui vise à soutenir des projets de recherche innovants et à haut risque, mais qui présentent un potentiel de gain élevé en termes d'amélioration de la prise en charge des patients atteints de cancers de mauvais pronostic ;
- un appel à projets sur l'exploitation et la valorisation de bases de données sur les cancers de mauvais pronostic (BCB CMP) : il a pour objectif de soutenir des projets de recherche visant à exploiter et valoriser les données cliniques, biologiques et génomiques disponibles sur ces cancers, afin de mieux comprendre leur développement et leur résistance aux traitements actuels ;
- un appel à candidatures pour labelliser des réseaux de recherche sur les cancers de mauvais pronostic (LABREXCMP), qui vise à soutenir la création et le développement de réseaux de recherche dédiés à ces cancers, afin de favoriser les collaborations entre équipes de recherche et faciliter l'émergence de projets de recherche translationnelle innovants.
En intensifiant les efforts de recherche translationnelle sur les cancers de mauvais pronostic, l'Institut espère contribuer à renforcer la prise en charge des patients atteints de ces cancers et à améliorer significativement leur pronostic.
Le soutien aux bases clinico-biologiques sur les cancers de mauvais pronostic
La recherche translationnelle s’appuie de plus en plus sur l’exploitation d’un vaste ensemble de données de natures variées. Garantir l’exploitabilité de ces bases à travers un échange facilité des données et des échantillons, ainsi qu'une standardisation indispensable pour croiser ces données et assurer l’interopérabilité de ces bases, constitue un enjeu essentiel.
L’Institut a donc renouvelé son soutien aux bases clinico-biologiques (BCB) spécialisées dans les cancers de mauvais pronostic, en établissant une feuille de route pour leur mise à niveau et leur meilleure exploitabilité. L’objectif est de consolider ces bases en leur permettant d’améliorer la collecte, le partage et l’exploitation des échantillons et des données associées à chaque indication de mauvais pronostic, en vue de favoriser leur intégration aux réseaux de recherche d’excellence.
Cette feuille de route comprend la standardisation des données cliniques au format OSIRIS, promu au niveau national par l’Institut pour rendre les données interopérables entre tous les acteurs de la cancérologie en France.
La sensibilité des données de santé impose par ailleurs un encadrement juridique rigoureux pour leur utilisation à des fins de recherche. La création du référentiel "entrepôt de données en santé" par la CNIL vise à simplifier les démarches réglementaires pour la réutilisation de ces données. Les BCB ont également pour objectif de se conformer à ce référentiel.
Ces 6 BCB sont listées ci-dessous :
Localisation | BCB |
---|---|
Pancréas | BACAP |
Système nerveux central | BCB Glioblastome |
Leucémies aiguës myéloïdes / SMP | FIMBANK |
Mésothéliome de la plèvre | MESOBANK |
Foie | Réseau CRB Foie |
Estomac / Œsophage | FREGAT |
La labellisation de réseaux de recherche d’excellence sur les cancers de mauvais pronostic
L’un des enjeux majeurs contre les cancers de mauvais pronostic est d’accélérer la découverte de connaissances à l’interface entre la recherche fondamentale et la recherche clinique. Cela nécessite une fédération des meilleurs acteurs cliniciens et scientifiques autour d’une indication donnée. L’Institut s’est engagé à soutenir les efforts de structuration de la recherche au niveau national en fédérant les meilleures équipes spécialisées sur les cancers de mauvais pronostic.
Ce soutien s’est concrétisé en 2023 avec le lancement d’un appel à candidature pour labelliser des réseaux de recherche d’excellence sur les cancers de mauvais pronostic. L’institut a fixé quatre missions principales dévolues à ces réseaux :
- structurer la recherche : équipes, infrastructures, ressources ;
- favoriser la collecte, l’intégration, le partage des données et des échantillons ;
- conduire un programme de recherche intégré et pluridisciplinaire (fondamentale et translationnelle) ;
- assurer la mise en application (transfert vers la clinique et en santé publique), la valorisation et la diffusion des résultats auprès des professionnels hospitaliers et de ville, et du grand public.
Deux premiers réseaux labellisés en 2024
La première vague de l’AAC a permis de labelliser deux réseaux de recherche sur les indications poumon et pancréas pour une durée de 5 ans.
- Le réseau COALA (Cure Oncogene-Addicated Lung Cancer) est coordonné par le Pr Julien Mazière (CHU de Toulouse). Ce réseau vise à améliorer radicalement le pronostic des cancers du poumon dépendant des oncogènes et développera ainsi une approche intégrée allant de la compréhension des mécanismes moléculaires de la résistance aux thérapies ciblé jusqu’au développement d’essais cliniques novateurs.
- Le réseau FRAP (French Research Network Against Pancreatic Cancer) est coordonné par le Pr Jérôme Cros (hôpital Beaujon, AP-HP). Il développe une approche multidisciplinaire basée sur un hub de ressources centré sur la BCB BACAP, permettant de mieux comprendre la biologie des adénocarcinomes canalaires pancréatiques et de favoriser l’intégration de la recherche transactionnelle dans les essais cliniques via le développement de nouveaux biomarqueurs.
Ces deux réseaux à forte interdisciplinarité ont intégré, dès la conception du projet, professionnels de santé, chercheurs en biologie, informatique, sciences humaines et sociales, ainsi que des associations de patients, créant ainsi une organisation inédite.
Un nouvel appel à candidatures lancé en 2024
L'Institut a réaffirmé son engagement en lançant une deuxième vague de labellisation fin 2024. Ce renouvellement poursuit les mêmes objectifs que l'édition précédente et permettra aux indications non retenues lors de la première vague d'être éligibles. Cela inclut les cancers œsogastriques, les cancers du foie, les tumeurs cérébrales, ainsi que les leucémies aiguës myéloïdes secondaires à un syndrome myéloprolifératif ou à une myélodysplasie.
À l'issue de ce deuxième AAC, un nouveau réseau supplémentaire pourra être labellisé pour l'une des indications éligibles. Les résultats de cette nouvelle vague seront publiés au printemps 2025.
L’appel à projets High-Risk High Gain sur les cancers de mauvais pronostic
Les faibles progrès constatés ces dernières décennies dans l’amélioration des solutions thérapeutiques pour les patients atteints de cancers de mauvais pronostic impose de repenser les axes classiques sur lesquels repose l’innovation thérapeutique.
Ainsi, l’Institut a mis en place une action originale de soutien à des projets ayant le potentiel de générer des innovations de rupture à travers les appels à projet de type "High Risk, High Gain" (HR-HG). L'objectif est d’accélérer la découverte de nouvelles connaissances scientifiques en prenant plus de risques dans la recherche, afin de parvenir à des innovations révolutionnaires capables de relever les défis que posent les cancers de mauvais pronostic. Ces défis incluent le dépistage ou le diagnostic précoces, l’amélioration des connaissances sur les mécanismes de développement et d’échappement aux traitements, et le développement de nouveaux traitements.
Les AAP HR-HG impliquent une notion de "risque élevé" et de "gain élevé". Le concept scientifique à la base d’un projet HR-HG doit être novateur et sortir des sentiers battus, excluant la validation de données préliminaires ou la continuation de projets antérieurs. En contrepartie, le gain potentiel justifie la prise de risque. Ces projets de recherche, qu’ils soient fondamentaux ou translationnels, ne pourraient pas être sélectionnés dans le cadre des appels à projets traditionnels.
En 2022, cette initiative a permis de soutenir six projets sur des cancers de mauvais pronostic, notamment les glioblastomes, les cancers du poumon, les cancers du foie et les hémopathies malignes de mauvais pronostic :
- Immunothérapie antitumorale déclenchée par plasma froid : application par voie endoscopique aux tumeurs solides des voies digestives et respiratoires (Thierry Dufour, Sorbonne Université-PARIS - Délégation régionale Île-de-France, Gif-sur-Yvette)
- Développement d'un immunostimulant inné administré par voie systémique (Charles Dumontet, Hospices Civils de Lyon)
- Contrôle de l'agressivité des récurrences de GBM par l'inhibition de l'hyperréplication induite par la senescence vasculaire après radiothérapie (François Paris, Inserm U1232-Nantes - Délégation régionale Inserm Grand-Ouest)
- Identification et ciblage des vulnérabilités métaboliques spécifiques des mutations Tp53 favorisant l'évolution darwinien et la résistance thérapeutique des leucémies (Jean-Emmanuel Sarry, CNRS ERL 5294 - Inserm UPS UMR 1037 - Délégation régionale Inserm Occitanie Pyrénées, Toulouse)
- Étude préclinique des effets thérapeutiques du kambô dans la leucémie aiguë myéloïde (Pierre Sujobert, CNRS UMR8104 - INSERM U1016 -PARIS - Université Claude Bernard Lyon 1 Villeurbanne)
- Développement et évaluation d’une nouvelle plateforme thérapeutique à base d’isotope tumoricide ciblant les glioblastomes exprimant le biomarqueur ET1R (Charles Truillet, CEA Saclay - Commissariat à l’Énergie Atomique)
AAP HRHG-CMP 2022_Composition du comité d'évaluation.pdf
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