Faire prendre conscience des dangers du tabac

Le tabac reste la première cause de mortalité évitable en France, avec environ 75 000 décès chaque année, dont plus de 46 000 sont attribués au cancer (Bonaldi et al., 2016).

En 2024, la prévalence du tabagisme chez les 18-75 ans en France hexagonale est estimée à 25 % (contre 32 % en 2021), et celle du tabagisme quotidien à 18 % contre 25 % trois ans plus tôt. 

Le premier facteur de risque de cancers

Le tabac est responsable de plus de 8 cancers du poumon sur 10, près de 70 % des cancers des voies aérodigestives supérieures (bouche, larynx, pharynx, œsophage), 50 % des cancers de la vessie, et 30 % des cancers du pancréas. Il contribue également aux cancers du col de l’utérus, de l’estomac, des ovaires, du colon, du rectum, ainsi qu’aux leucémies myéloïdes. 

Le processus de sevrage est crucial : en 2024, plus de la moitié des fumeurs quotidiens déclarent avoir envie d’arrêter (55,0 %) et 17,3 % ont effectué une tentative d’arrêt dans l’année. Le recours à des traitements d’aide au sevrage, en pharmacie, est en augmentation, renforçant l’accès aux ressources pour l’arrêt.

70 substances chimiques contenues dans la fumée du tabac sont reconnues comme cancérigènes sur les 7000 présentes. Parmi elles :  le benzène, l’arsenic, le chrome et les goudrons. La nicotine, en revanche, est principalement addictogène, mais non cancérigène, ce qui souligne l’importance de l’accompagnement pour la dépendance.

Ces données soulignent l'importance du rôle des professionnels de santé dans la sensibilisation et la mobilisation autour de l’arrêt du tabac pour réduire significativement le risque de cancers et de mortalité associée. La baisse continue de la prévalence et l’intérêt pour l’arrêt observé dans la population en 2024 offrent une opportunité renforcée pour promouvoir activement le sevrage.

Inégalités sociales
Les inégalités sociales en matière de tabagisme restent très marquées, avec : 
- 1,6 fois plus de fumeurs quotidiens parmi les personnes non diplômées ou avec un diplôme inférieur au Baccalauréat par rapport aux personnes titulaires d’un diplôme supérieur au Baccalauréat ;
- 2,1 fois plus de fumeurs parmi les ouvriers que parmi les cadres ;
- 3 fois plus de fumeurs parmi ceux qui perçoivent leur situation financière comme difficile par rapport à  ceux se déclarant à l’aise financièrement ; 
- 1,5 fois plus parmi les personnes au chômage par rapport aux actifs occupés.

Même si ces inégalités sont marquées, la tendance globale à la baisse du tabagisme en France concerne également les catégories socio-économiques moins favorisées, évolutions encourageantes à confirmer à l’avenir. 

Source : Tabagisme : usage, envie d’arrêter et tentatives d’arrêt. In Baromètre de Santé publique France : résultats de l’édition 2024.  Saint-Maurice : Santé publique France ; 2025 : 9 p. Disponible à partir de l’URL : https://www.santepubliquefrance.fr/ 

Les différents modes de consommation

La cigarette manufacturée est le mode de consommation du tabac le plus habituel mais il en existe d'autres, qui peuvent donner la fausse impression de fumer en encourant des risques moindres :

  • la chicha : elle accroît fortement les risques de cancer du poumon, des lèvres, de la vessie et des VADS. La fumée de chicha libère près de 4 000 substances chimiques, dont plusieurs sont cancérogènes. Une étude a montré qu'un gramme de tabac à chicha libérait 24 à 80 mg de goudrons, contre un gramme au plus pour une cigarette manufacturée ;
  • le tabac à chiquer ou à priser : le CIRC le classe comme cancérigène certain pour l'Homme, au même titre que les autres produits du tabac. Parmi les 2 000 substances chimiques qu'il contient, 28 ont été identifiées comme cancérigènes, en particulier les nitrosamines, susceptibles de jouer un rôle important dans le développement du cancer buccal et du cancer du pancréas ;
  • le cannabis (joint) : un joint est le plus souvent composé d'un mélange de tabac et de cannabis. La fumée en est beaucoup plus toxique que celle du tabac seul. La consommation de joints fait inhaler six à sept fois plus de goudrons et de monoxyde de carbone que celle de cigarettes. Le risque de cancer du poumon serait multiplié par 5,7 chez les forts utilisateurs par rapport à des non-consommateurs.

Le tabagisme passif

Le tabagisme passif est défini comme l'exposition à la fumée de tabac dans son environnement. Même s'ils sont moins élevés que pour le fumeur actif, ses dangers sont prouvés et largement reconnus : chaque année en France, près de 1 100 décès seraient liés au tabagisme passif, dont 150 par cancer du poumon. Les enfants de fumeurs y sont particulièrement exposés.

Le Baromètre santé 2014 a fait état d'une légère diminution de l'exposition passive au tabac de non-fumeurs à leur domicile : 15,6 % des personnes interrogées disent en faire l'objet, contre 19,4 % en 2010. En revanche, cette exposition passive reste stable chez les fumeurs.

Le sevrage tabagique, toujours bénéfique

Il existe toujours un bénéfice à l'arrêt du tabac, quels que soient l'âge du patient, la durée et l'importance de sa consommation de tabac. Ce gain s'avère d'autant plus important que le sevrage tabagique intervient tôt. Une étude a ainsi estimé, en moyenne, le gain d'espérance de vie à 3 ans chez un fumeur s'arrêtant à 60 ans ; ce gain atteint 6 ans si l'arrêt a lieu à l'âge de 50 ans, 9 ans à 40 ans et serait proche de celui des non-fumeurs avant 35 ans (Peto et al, 2004).

Le CIRC a montré par ailleurs qu'un bénéfice significatif de l'arrêt du tabac, augmentant avec la durée de l'abstinence, a été observé pour tous les cancers majeurs associés au tabagisme. Toutefois, il n'atteint qu'à titre exceptionnel le niveau de risque des personnes n'ayant jamais fumé.

Enfin, l'arrêt du tabac après un cancer du poumon améliore le pronostic de survie à 5 ans et la qualité de vie. Il réduit aussi le risque de récidive et celui de développer un second cancer primitif.

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