Pénurie de médicaments : les actions de l'Institut national du cancer

Face à l’accroissement du nombre de situations de tensions en médicaments anticancéreux essentiels, l’Institut national du cancer se mobilise depuis 2017.

Ces dernières années les situations de pénuries sont en constante augmentation en France, et concernent notamment les médicaments anticancéreux. En 2023, l’ANSM a reçu 4 925 signalements de risques de ruptures ou de ruptures, contre 3 761 en 2022 parmi lesquels 260 pour la classe des antinéoplasiques et agents immunomodulants. Ces pénuries peuvent entraîner une perte de chance pour les patients et avoir un impact sur l’organisation des soins.

En mai 2019, une liste de 43 médicaments dont l’indisponibilité entraînerait pour les patients atteints de cancer un risque grave et immédiat a été établie par un groupe de travail piloté par l’Institut, en lien avec des experts cliniciens et les sociétés savantes. Ces 43 médicaments– issus de la chimie traditionnelle et non de l’ingénierie cellulaire - ont été intégrés à la liste des médicaments essentiels publiée par le ministère de la Santé et de la Prévention en juin 2023.

Evaluation annuelle de la criticité industrielle et thérapeutique des médicaments essentiels en oncologie

L’Institut a développé une approche et des outils pour évaluer de façon annuelle la criticité industrielle et thérapeutique des 43 médicaments essentiels identifiés en oncologie. Il s’est associé à l’ANSM, avec laquelle il a signé une convention, pour accéder aux données fournies annuellement par les industriels, décrivant la chaîne de production pour chacune des spécialités concernées ainsi qu’à l’historique des antécédents de pénuries. 

L’analyse annuelle prend en compte :

  • la criticité industrielle basée sur le nombre d’intervenants dans la fabrication du produit et leur localisation traduisant la fragilité éventuelle de la chaîne de production,
  • la criticité thérapeutique aujourd’hui abordée par l’analyse, à partir des recommandations de bonnes pratiques cliniques, de la place du médicament concerné dans les stratégies thérapeutiques actuelles et de l’existence d’alternatives à ces produits,
  • et les antécédents de tensions intervenues sur les deux dernières années.

Sont également considérées les parts de marché des industriels exploitant les médicaments qui sont en criticité industrielle élevée.

L’Institut partage cette analyse avec les services du Ministère de la santé en charge de ce sujet ains qu’avec l’ANSM, avec qui il identifie les expertises sanitaires à réaliser en priorité.

Production d’expertises sanitaires pour définir les alternatives à un médicament essentiel en tension et la priorisation des patients

L’Institut produit historiquement à la demande de l’ANSM, des expertises en urgence pour pallier la pénurie d’un produit, en définissant des alternatives et en priorisant les patients. En 2024, l’Institut a également initié la même démarche « en routine », avec l’objectif à termes de couvrir les médicaments essentiels les plus à risque de pénuries. Quel que soit le contexte des expertises produites, l’Institut aborde systématiquement, avec le groupe de travail mobilisé, les sujets essentiels et incontournables de la possible perte de chances ainsi que de l’iatrogénie, induites par les alternatives identifiées.

Ces expertises sont remises à l’ANSM et publiées sur les sites des deux agences, pendant la durée de la pénurie du médicament concerné.