Comment se développe un cancer de la vessie ?
Mis à jour le
Les cancers de la vessie peuvent se développer à partir des cellules des différentes couches de la paroi de la vessie.
Quels sont les différents types de cancers de la vessie ?
Généralement, les cancers de la vessie se forment à partir des cellules de la muqueuse, autrement dit sur l’épithélium urothélial ; c’est pourquoi ce type de cancer se nomme carcinome urothélial. Il représente la grande majorité des cancers de la vessie.
Il existe d'autres types de tumeurs : certaines peuvent être bénignes, non cancéreuses. D'autres tumeurs malignes, cancéreuses, comme les adénocarcinomes ou les carcinomes épidermoïdes, se développent également sur l'urothélium ; d'autres encore croissent au niveau de la sous-muqueuse et de la couche musculaire, comme les sarcomes.
Quelles sont les étapes du développement d'un cancer de la vessie ?
Lorsqu'un cancer apparaît, les cellules cancéreuses sont d'abord peu nombreuses et limitées à la muqueuse. Le plus souvent, les cancers de la vessie y restent cantonnés. On parle de tumeur de vessie non infiltrante du muscle, parfois abrégée en TVNIM, ou, plus couramment, de tumeurs superficielles.
La tumeur peut s'infiltrer plus profondément dans la paroi de la vessie et atteindre la couche musculaire ou les organes voisins ; on parle alors de cancer infiltrant et, plus précisément, de tumeur de vessie infiltrante du muscle, abrégée en TVIM, ou encore, de tumeurs infiltrantes.
Il arrive que des cellules cancéreuses se détachent de la tumeur située sur la vessie et migrent vers d'autres organes, formant de nouvelles tumeurs, les métastases, dans les ganglions lymphatiques, le foie, les poumons ou les os. Le cancer est alors métastatique.
Quelques chiffres
On estime à 13 074 le nombre de nouveaux cas de cancer de vessie diagnostiqués en France en 2018, dont 81 % chez l’homme. Il s'agit du 7e cancer le plus fréquent. L'âge moyen au moment du diagnostic est de 70 ans.
Quels sont les facteurs de risque de cancer de la vessie ?
Un facteur de risque est un élément qui peut favoriser le développement d'un cancer ou sa rechute.
Les facteurs de risque de cancer de la vessie sont : le tabac, deux ensembles de substances chimiques, les amines aromatiques et les hydrocarbures aromatiques polycycliques, certaines infections, certains traitements, des produits présents dans l'eau de boisson. D'autres facteurs sont actuellement à l'étude.
La paroi interne de la vessie est en contact avec l'urine qui contient parfois certaines substances toxiques, susceptibles de favoriser l'apparition d'une tumeur.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), agence intergouvernementale de recherche sur le cancer, classe les substances et les expositions susceptibles de provoquer ou non un cancer en quatre catégories :
- Groupe 1 : l’agent est cancérogène pour l’Homme
- Groupe 2A : l’agent est probablement cancérogène pour l’Homme
- Groupe 2B : l’agent est peut-être cancérogène pour l’Homme
- Groupe 3 : l’agent est inclassable quant à sa cancérogénicité pour l’Homme
Le tabac, principale source d'exposition
La consommation de tabac est associée à une augmentation du risque de plusieurs cancers. Il est notamment à l'origine de plus de 50 % des cancers de la vessie chez l'homme et environ 40 % chez la femme.
Le risque de développer un cancer de la vessie est environ trois fois plus important chez les fumeurs que chez les non-fumeurs car les substances toxiques présentes dans la fumée du tabac sont éliminées dans les urines, par les reins et la vessie. Elles endommagent les cellules tapissant l'intérieur de la surface de la vessie, les cellules urothéliales.
Les constituants de la fumée de tabac responsables seraient principalement certaines amines aromatiques (le 4-aminobiphényle, la 2-naphtylamine et l'ortho-toluidine), les hydrocarbures aromatiques polycycliques et certaines nitrosamines.
Le risque est lié au nombre de cigarettes fumées chaque jour, au nombre d'années pendant lesquelles une personne a fumé, ainsi qu'à l'âge auquel elle a commencé à fumer. Plus le tabagisme est important ou ancien, plus le risque est important. Actuellement, l'évolution du conditionnement des cigarettes et l'introduction de certains additifs de plus en plus toxiques augmentent le risque de développer un cancer de la vessie.
D'après une étude américaine récente, le tabagisme aurait un impact de plus en plus délétère sur le risque de cancer de la vessie : dans la période 2002-2004, les fumeurs avaient 5,5 fois plus de risques de développement d'un cancer de la vessie que les non-fumeurs, contre 2,9 dans la période 1994-1998. Cette importante hausse pourrait s'expliquer par l'évolution du conditionnement des cigarettes et l'introduction de certains additifs qui sont de plus en plus toxiques.
Vous accompagner dans l'arrêt du tabac
La ligne téléphonique Tabac info service vous permet de poser des questions à un tabacologue, de bénéficier d'un accompagnement, d'être orienté vers les différents groupes, associations et professionnels qui peuvent vous accompagner.
Le site Tabac Info Service répond à toutes vos questions sur le tabac et vous informe des moyens pour arrêter. Il met à votre disposition une aide qui vous permettra d'être accompagné pendant votre démarche d'arrêt. Cela vous permettra de bien vous préparer, éviter les rechutes et entretenir votre motivation.
N° d'appel : 39 89 (du lundi au samedi, de 8 heures à 20 heures, service gratuit, accessible aux personnes sourdes ou malentendantes via la plateforme Acceo).
L’exposition à certains produits en milieu professionnel
Certains produits employés en milieu professionnel augmentent le risque de cancer de la vessie :
- les amines aromatiques, composés chimiques utilisés dans la fabrication des cosmétiques, des produits pharmaceutiques, des pesticides, des matières plastiques, dans l'industrie du caoutchouc et que l'on retrouve dans le tabac ;
- les hydrocarbures aromatiques polycycliques, substances employées dans l'industrie du goudron, des pneumatiques ou du textile.
La production et l'utilisation de ces substances sont aujourd'hui sévèrement règlementées.
Fumer tout en étant été exposé à ces produits chimiques augmente le risque de développer un cancer de la vessie.
Les amines aromatiques
Les amines aromatiques sont des composés chimiques utilisés dans la fabrication de cosmétiques, de produits pharmaceutiques, de pesticides, de matières plastiques, dans l'industrie du caoutchouc et que l'on retrouve dans le tabac.
Il en existe de plusieurs sortes et certaines d'entre elles sont reconnues comme produits cancérogènes, classées dans la catégorie 1 du CIRC :
- la benzidine, dont le nom de la molécule est 4,4'-diaminobiphényle, et les colorants dérivés ;
- la bêta-naphtylamine 2-naphtylamine ;
- la xénylamine 4-aminobiphényle ;
- le MOCA ou MBOCA (de MethylBisOrthoChloroAniline), appelés aussi 4,4'-méthylène bis (2-chloroaniline) ou 4,4'-méthylène bis (orthochoroaniline).
D'autres amines aromatiques sont des cancérogènes probables, classés dans la catégorie 2A des cancérogènes probables du CIRC :
- le 4-chloroOrthoToluidine ;
- des produits issus des substances intermédiaires de synthèse des colorants azoïques ;
- le chlordiméform, un pesticide.
Les personnes dont le métier les a mises en contact avec ces substances ont plus de risques de développer un cancer de la vessie :
- personnels de l'industrie des colorants, du caoutchouc, de la plasturgie, du textile, du cuir, des pesticides, de l'imprimerie ;
- personnes qui ont contribué à la fabrication et à l'utilisation d'encres et de peintures ;
- professions en contact avec des produits cosmétiques, comme les coiffeurs ou les esthéticiennes ;
- chercheurs.
L'exposition aux amines aromatiques est aujourd'hui plus faible : des mesures d'interdiction ou de restriction ont été prises sur les produits courants comme les textiles, l'alimentation, les cosmétiques. Cependant, certaines amines aromatiques sont encore utilisées comme durcisseurs de résines dans des entreprises de l'industrie du plastique ou du caoutchouc.
L'exposition professionnelle aux amines aromatiques provoquerait 5 % des cancers de la vessie. Le tabac reste la principale source d'exposition.
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques
Les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) sont des composés chimiques toxiques qui proviennent de la combustion incomplète de matières organiques diverses, comme les carburants ou le tabac.
Ce polluant que l'on trouve dans l'air, l'eau ou les aliments peut provoquer des cancers de la vessie.
La contamination peut se faire au niveau de l'alimentation si des HAP s'accumulent sur les végétaux ou dans la viande et le poisson, ou encore lors de la cuisson au charbon de bois.
La seconde source d'exposition aux HAP est l'air ambiant, principalement par la fumée de tabac et les gaz d'échappement des véhicules.
Un hydrocarbure aromatique polycyclique est un cancérogène avéré, classé dans la catégorie 1 du CIRC : le benzopyrène.
D'autres hydrocarbures aromatiques polycycliques sont des cancérogènes probables, classés dans la catégorie 2A du CIRC :
- cyclopenta[c,d]pyrène
- dibenzo[a,h]anthracène
- dibenzo[a,l]pyrène
D'autres encore sont des cancérogènes possibles, classés dans la catégorie 2B du CIRC.
Les professions plus particulièrement exposées aux hydrocarbures aromatiques polycycliques sont celles qui travaillent en présence de produits de combustion :
- fonderies d'acier et de fonte ;
- métallurgie ;
- cokeries ;
- revêtements de route ;
- revêtements de tuyaux ;
- traitement du bois ;
- ramonage.
Les infections
Des infections urinaires régulières et des inflammations chroniques de la vessie (cystites) peuvent augmenter le risque de cancer de la vessie, notamment chez les femmes.
La bilharziose, une infection par un parasite, un ver plat, le schistosome, a aussi été identifiée comme étant un facteur de risque de développer un cancer épidermoïde de la vessie.
Certains traitements
Des études ont montré que certaines molécules sont susceptibles de provoquer des cancers de la vessie en fonction de la dose totale cumulée : c'est le cas de la phénacétine, utilisée de façon régulière pour traiter la douleur, et de certains médicaments de chimiothérapie comme la cyclophosphamide ou la chornaphazine.
Des radiothérapies du bassin sont parfois susceptibles de provoquer un cancer de la vessie.
Certains produits présents dans l’eau de boisson
Des produits présents dans l'eau de boisson, comme l'arsenic, qui se trouve naturellement dans le sol rocheux de certaines régions, sont cancérogènes, tout comme le sont probablement à dose importante les trihalométhanes, substances chimiques qui se forment lors de la désinfection de l'eau potable.
Le risque de tumeur de vessie augmente si la quantité d'arsenic est supérieure à 80 microgrammes (µg) par jour.
Des études sont menées pour mieux connaître les effets des trihalométhanes issus de la désinfection de l'eau de boisson.
Autres facteurs de risque supposés de cancer de la vessie
Il existe certains produits sur lesquels pèse une suspicion qu'ils provoqueraient des cancers de la vessie :
- la consommation régulière de saccharine (un édulcorant artificiel) ;
- les teintures pour cheveux.
Depuis 2006, certaines substances susceptibles d'être contenues dans les teintures pour cheveux sont interdites.
Pour en savoir plus sur les facteurs de risque environnementaux, vous pouvez consulter le portail Cancer et environnement.