Evaluer la douleur chez l’adulte
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Comprendre et évaluer la douleur d’un enfant atteint d’un cancer est la première étape vers un traitement efficace. La douleur est très personnelle et émotionnelle et donc difficile à mesurer. Évaluer la douleur de l’enfant, c’est entre autres savoir l’écouter, surveiller les signes de douleur et observer comment son corps réagit à la douleur.
Observer et décrire sa douleur
Chaque douleur nécessite un traitement personnalisé. Pour prévenir et soulager votre douleur, les professionnels de santé doivent déterminer sa cause, la façon dont elle est apparue (son mécanisme) et ses caractéristiques. Ils ont également besoin de comprendre ce que vous ressentez, tant sur le plan physique que moral.
La peur de déranger, d’être jugé ou de ne pas être écouté pousse parfois les patients à cacher leur douleur et à la supporter en silence. Mais les professionnels de santé ne peuvent pas toujours deviner que vous souffrez si vous n’en parlez pas. Il est donc essentiel de parler régulièrement de vos douleurs à votre médecin et aux professionnels de santé qui vous entourent et d’être capable de dire « j’ai mal » ou « j’ai peur d’avoir mal ».
N’attendez pas que votre douleur empire avant de la signaler : plus elle est traitée tôt, plus elle est facile à soulager. Parlez-en, par exemple, avec le professionnel de santé avec lequel vous vous sentez le plus à l’aise et le plus en confiance.
Des questions pour évaluer sa douleur
Pour vous aider à évaluer votre douleur, vous pouvez utiliser les questions suivantes au quotidien. Notez au fur et à mesure ce que vous ressentez ou ce que vous observez. Il est plus facile ensuite de dialoguer avec votre médecin en étant sûr de ne rien oublier.
- Où avez-vous mal ?
- Votre douleur est-elle diffuse ou très localisée ?
- Avez-vous mal à un endroit ou à plusieurs endroits ?
- Est-ce plutôt en surface ou en profondeur ?
- Comment la douleur est-elle apparue ?
- Est-elle apparue brusquement ou progressivement ?
- Est-elle nouvelle ? Avez-vous déjà un traitement pour cette douleur ?
- Est-elle apparue après un traitement ou un examen médical ?
- S’agit-il d’une douleur prévisible (dont vous étiez informé) ou d’une douleur inattendue ?
- Que ressentez-vous comme sensation ?
- La douleur ressemble-t-elle à une sensation que vous connaissez : brûlure, fourmillements, déchirure, piqûre ?
- Quelle est l’intensité de votre douleur ?
- Est-elle plutôt légère, moyenne, forte ou très intense ?
- Quelles sont les circonstances qui font augmenter ou qui soulagent la douleur ?
- Existe-t-il des activités (manger, marcher…) pendant lesquelles la douleur augmente ?
- Utilisez-vous des « trucs » qui soulagent la douleur : le chaud, le froid, une position particulière, ne pas y penser ?
- Existe-t-il des moments de répit ou des périodes de fortes douleurs ? Lesquels ?
- Les médicaments antidouleur vous soulagent-ils ? Au bout de combien de temps ? Le soulagement obtenu est-il suffisant ? Combien de temps restez-vous soulagé ?
- Quelles sont les conséquences de la douleur ?
- Votre sommeil est-il perturbé par la douleur ? Avez-vous des insomnies liées à la douleur ?
- La douleur modifie-t-elle votre appétit ?
- Vos activités sont-elles perturbées par la douleur ? Êtes-vous incapable de faire certaines activités à cause de la douleur ?
- Votre moral est-il atteint par la douleur ?
- La douleur vous pousse-t-elle à vous replier sur vous-même ou continuez-vous à rencontrer votre famille, vos amis ?
Les professionnels de santé peuvent également vous interroger sur la maladie et les difficultés (physiques, morales, matérielles, professionnelles, etc.) que vous rencontrez.
Cela leur permet de mieux vous connaître, de comprendre ce que vous ressentez et de prendre en compte votre situation personnelle dans le choix des traitements contre la douleur.
Tout ce que vous pouvez dire sur votre douleur aide les professionnels dans leur diagnostic. Cela permet de définir un traitement adapté à vos besoins.
Le Questionnaire Douleur Saint-Antoine (QDSA)
Le Questionnaire Douleur Saint-Antoine (QDSA) est un autre moyen pour décrire les sensations et les émotions correspondant à la douleur. Son nom vient de l’hôpital dans lequel il a été élaboré.
Dans un tableau, vous cochez les mots qui décrivent le mieux la douleur que vous ressentez en général. Vous précisez ensuite vos réponses, si possible, en indiquant une note de 0 à 4 selon l’importance de la sensation ou de l’émotion ressentie.
Si aucun mot ne vous convient, n’hésitez pas à en indiquer d’autres à votre médecin.
Questionnaire Douleur Saint-Antoine (QDSA)
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Le suivi de l’évaluation de la douleur
Toutes les données recueillies pendant l’évaluation de la douleur sont notées dans votre dossier médical. L’ensemble des professionnels de santé peut ainsi suivre l’évolution de vos douleurs et participer à votre prise en charge.
Dès que le traitement contre la douleur est mis en place, l’équipe soignante procède à une nouvelle évaluation pour vérifier l’efficacité du traitement. Si l’intensité de la douleur est toujours aussi forte après le temps nécessaire à l’action du médicament, cela signifie que le médicament ou son dosage sont insuffisants. La douleur doit ainsi être réévaluée de manière régulière, tout au long du traitement.
Évaluer la douleur demande du temps. Pour diminuer l’intensité de la douleur, un traitement peut commencer avant que l’évaluation soit terminée. Une fois que la douleur est calmée, il est plus facile d’en parler pour mieux la contrôler à long terme.
En plus de votre description de la douleur, le médecin réalise un examen clinique : il observe et palpe votre corps et l’endroit où vous avez mal, pour chercher des informations complémentaires sur la cause de la douleur et la manière dont elle se déclenche.
Des examens d’imagerie ou des prélèvements sont parfois utiles pour confirmer la cause de la douleur : radiographie, scanner, scintigraphie, endoscopie, prise de sang, IRM, etc.
Les outils d’évaluation de la douleur
Plusieurs outils d’évaluation de la douleur ont été élaborés pour évaluer l’intensité de la douleur, aider à trouver des mots pour la décrire, la localiser et évaluer ses conséquences sur le quotidien.
Ces outils facilitent le dialogue entre les personnes malades, leur entourage et les professionnels de santé. Ils sont particulièrement utiles lorsque l’on souffre d’une douleur chronique, difficile à évaluer ou à traiter. En cas d’hospitalisation, ils sont désormais considérés comme indispensables.
Ces outils peuvent être utilisés :
- Sur proposition de l’équipe soignante, dans le cadre d’une consultation consacrée à la douleur ou au cours d’une hospitalisation (pour suivre l’évolution des douleurs au jour le jour) ;
- Chez vous : ils peuvent vous aider à observer vos douleurs au quotidien. Vous aurez ainsi plus de facilités à les décrire lors des consultations avec votre médecin.
Localiser la douleur sur un schéma
Pour visualiser et localiser votre douleur, les soignants utilisent un schéma représentant un homme ou une femme de face et de dos. Sur ce schéma, ils vous proposent d’indiquer tous les endroits où vous avez mal.
On peut vous demander d’utiliser des couleurs différentes pour dessiner vos douleurs, comme le jaune pour les douleurs peu importantes, l’orange pour les douleurs moyennes et le rouge pour les douleurs insupportables.
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On peut aussi vous demander de préciser en indiquant :
- un « S » pour une douleur à la surface du corps ;
- un « P » pour une douleur plus profonde dans le corps ;
- un « I » à l’endroit où vous ressentez la douleur la plus intense.
Même si vous pouvez montrer où vous avez mal sur votre propre corps, ce schéma est utile pour garder une trace de vos douleurs dans votre dossier médical. Cela facilite la transmission des informations entre les soignants.
Utiliser une échelle d’intensité
Pour les professionnels de santé, l’intensité de la douleur est une information essentielle. Elle détermine l’urgence ou non de soulager la douleur et oriente les soignants sur les médicaments à utiliser.
Plus une douleur est intense, plus le traitement doit être puissant et agir rapidement.
Une fois qu’un traitement a démarré, mesurer l’intensité de la douleur permet au soignant de vérifier si le traitement est efficace.
Vous êtes le seul à pouvoir juger l’intensité de votre douleur.
Trois échelles de mesure de l’intensité de la douleur peuvent vous être proposées. L’échelle choisie au départ doit être, autant que possible, la même pour les évaluations suivantes. Cela facilite le suivi de l’évolution de la douleur.
Cependant, si l’outil proposé au départ ne vous paraît pas adapté ou si vous avez du mal à l’utiliser, il peut être changé en accord avec votre médecin.
L’échelle visuelle analogique (EVA)
L’échelle visuelle analogique (EVA) est une réglette composée d’une ligne horizontale sans chiffre qui symbolise la douleur. C’est une sorte de thermomètre de la douleur. Vous avancez une petite languette ou mettez une croix sur cette ligne pour symboliser l’intensité de votre douleur.
Une extrémité correspond à l’absence de douleur : plus le trait est proche de cette extrémité, plus votre douleur est faible. L’autre extrémité correspond à la douleur maximale que vous puissiez imaginer : plus le trait se rapproche de cette extrémité, plus votre douleur est importante.
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Au dos, la réglette est graduée de 0 à 10 (ou de 0 à 100). Ce chiffre permet au soignant de retranscrire l’intensité de votre douleur dans votre dossier médical et de suivre concrètement son évolution.
La réglette est utilisée seulement à l’hôpital ou lors des consultations.
L’échelle numérique (EN)
Pour évaluer l’intensité de la douleur, les professionnels proposent parfois de donner une note entre 0 et 10 : « 0 » signifie que la douleur est absente ; « 10 » représente la pire douleur imaginable pour vous.
Le principe est le même que celui de la réglette EVA mais ne nécessite pas d’outil. Lorsque les patients ont l’habitude d’évaluer l’intensité de leur douleur, cette échelle est facile à utiliser.
Généralement, c’est cette échelle que les patients utilisent à domicile pour le suivi quotidien de leurs douleurs.
L’échelle verbale simple (EVS)
Si vous avez du mal à utiliser la réglette EVA ou à donner une note entre 0 et 10, les soignants peuvent vous proposer un autre outil : l’échelle verbale.
Parmi quatre propositions, vous devez choisir le mot décrivant l’intensité de la douleur :
- Pas du tout mal
- Un peu mal
- Moyennement mal
- Extrêmement mal
Il est parfois difficile d’imaginer ce qu’est la « douleur maximale imaginable ». Chacun a son propre seuil de tolérance face à la douleur. Si vous avez déjà ressenti une douleur intense, vous pouvez utiliser ce souvenir comme référence et comparer l’intensité de votre douleur actuelle à l’intensité de cette douleur passée.
Si vous pensez que l’échelle est trop petite pour décrire votre douleur, c’est sans doute que votre douleur est au-dessus de ce que vous imaginiez pouvoir souffrir avant. Elle correspond alors à une « douleur maximale imaginable ».
La note en elle-même n’a pas d’importance. Ce n’est pas une valeur absolue. C’est seulement un repère concret qui permet aux soignants de voir si le traitement proposé est efficace. La note de départ n’est utile que par rapport aux notes que vous donnerez ensuite, après le début du traitement.
N’ayez pas peur de vous tromper. Il n’y a pas de bonne ou mauvaise réponse. Les médecins et l’équipe soignante ne sont pas là pour vous juger mais pour chercher à vous soulager. Le résultat sur l’échelle permet de suivre votre douleur dans le temps et pour évaluer l’efficacité des traitements contre la douleur.
Souvenez-vous que : « Le malade a toujours raison lorsqu’il évalue sa douleur, même si son évaluation ne correspond pas à celle que feraient les soignants ou ses proches. En effet, lui seul sait comment il la ressent et la vit au travers de sa propre personnalité ».
L’évaluation comportementale de la douleur
Lorsque le patient ne peut pas dire lui-même s’il a mal et comment il a mal (dans le cas d’un handicap psychique sévère ou de la vieillesse par exemple) c’est à l’équipe soignante, aidée des proches, de faire attention à chaque signe potentiel de douleur, pour réagir rapidement et soulager le patient.
Il existe un questionnaire qui rappelle tous les points à observer pour évaluer la douleur d’un adulte quand celui-ci ne peut pas le faire : c'est le questionnaire Echelle Doloplus® = Evaluation comportementale de la douleur.
Pour chaque phrase, les soignants choisissent la proposition qui décrit le comportement du malade. Le total des points correspondants leur permet d’évaluer la douleur et de suivre son évolution.
Les proches peuvent également se servir de cet outil, notamment si le malade est hospitalisé à domicile. S’ils observent un ou plusieurs signes éventuels de douleur ou en cas de doute sur le bien-être du malade, ils pourront alors prévenir l’équipe médicale qui s’occupe du malade.
Dans ce questionnaire, la douleur est clairement affirmée pour un score supérieur ou égal à 5 sur 30.
Le questionnaire DN4 pour les douleurs neuropathiques
La douleur neuropathique ce dit d’une douleur liée à un mauvais fonctionnement ou une lésion du système nerveux. Il s’agit souvent de douleur chronique.
Les douleurs neuropathiques produisent des sensations bien particulières. Pour les reconnaître, les médecins peuvent vous proposer, au cours d’une consultation, de répondre à un questionnaire.
Ce questionnaire s’appelle DN4 : DN pour « douleur neuropathique » et 4 pour « quatre questions ». Si vous obtenez 4 oui (sur 10), il est fort probable que vous souffriez d’une douleur neuropathique.
Voir : La douleur, c’est quoi ?