Réseaux d'excellence clinique pour les cancers de mauvais pronostic
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Les cancers de mauvais pronostic sont définis comme étant les cancers pour lesquels la survie des malades à cinq ans est inférieure à 33%. Cette situation inacceptable a conduit à définir, dans la stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030, l’axe III-3 dédié à « la garantie de parcours fluides, en proximité et en recours » aux personnes atteintes de cancers de mauvais pronostic.
Pourquoi des réseaux d'excellence clinique pour lutter contre les cancers de mauvais pronostic ?
Dans le cadre de l’axe III de la stratégie décennale de lutte contre les cancers, l’organisation des soins pour les patients atteints de cancers de mauvais pronostic a pour ambition de mettre en place une prise en charge graduée associant le médecin traitant et les professionnels de ville, et en réseau permettant de diffuser l’excellence au sein des équipes spécialisées des structures de recours et de proximité.
Les avancées de la recherche fondamentale, translationnelle et clinique pourront dans les années à venir transformer le pronostic de ces maladies et donner de l’espoir aux patients et à leurs familles. Dans l’attente de transformations radicales du pronostic liées aux avancées de la recherche, il est possible d’agir en offrant des soins optimaux et un accès facilité aux essais cliniques pour tous les patients du territoire.
L’ensemble de l’organisation du diagnostic et du soin doit être mobilisée spécifiquement pour garantir que les actions de tous les professionnels, à tout moment du parcours, soient en accord avec les meilleures pratiques existantes dans le domaine. Afin de respecter la qualité de vie des patients, l’accès à l’expertise doit être équilibrée avec la réalisation des soins en proximité.
La détection précoce est primordiale au regard de l’évolution rapide de la maladie. De même, les diagnostics précoces, poussés par la recherche menée actuellement visant l’identification de biomarqueurs (facilement détectables de façon non invasive) ou le développement des techniques d’imagerie, doivent améliorer la prise en charge précoce des malades.
Une organisation et une coordination entre les acteurs de la ville et de l’hôpital est cruciale pour réduire l’ensemble des délais de prise en charge dès le début la maladie (accès privilégié aux examens pertinents, à l’imagerie notamment). Cette coordination doit s’appuyer sur des centres experts à même d’assurer la coordination de la recherche et l’inclusion des patients dans les essais cliniques. Elle doit également se construire en cohérence et avec l’appui des structures régionales dédiées à la coordination en cancérologie, en particulier les dispositifs spécifiques régionaux du cancer (DSRC).
Face à ces constats, l’Institut national du cancer a lancé plusieurs appels à candidatures successifs depuis 2022, pour structurer en réseaux les établissements experts maillant le territoire national, dans l’objectif de donner à des centres pilotes les moyens de coordonner l’action de ces réseaux dans le domaine des cancers de mauvais pronostic afin d’assurer rapidement à tout patient un accès aux meilleurs soins possibles.
Quels sont les objectifs de ces réseaux d'excellence clinique ?
Les réseaux d’excellence clinique ont vocation à améliorer le parcours de soins des patients atteints de cancers de mauvais pronostics, notamment en :
- structurant une prise en charge graduée et en réseau des cancers de mauvais pronostic, pour diffuser l'excellence clinique et scientifique au sein de l'écosystème des professionnels de la cancérologie ;
- contribuant à l'amélioration du pronostic de ces cancers dont l'issue reste globalement défavorable, en diminuant les délais de diagnostic et d'accès aux soins et en favorisant l'accès aux essais cliniques ;
- optimisant la coordination entre les différents intervenants du parcours de soins (en ville, à l'hôpital) pour améliorer le repérage et le traitement des effets indésirables et limiter les ruptures de parcours.
Leur création se fait en reconnaissant les établissements les plus avancés, par voie de labellisation.
Depuis 2022 : 3 réseaux d'excellence clinique ont été labellisés par l'Institut national du cancer
Ces réseaux nationaux labellisés sont organisés par appareils identifiés. En novembre 2024, 3 appareils anatomiques avaient fait l’objet d’une labellisation de réseaux : le réseau FEM-NET (gynécologique et mammaire), le réseau GLIOREC (neurologique) et le réseau RECAP (thoracique).
Le réseau FEM-NET est un réseau national dédié aux cancers gynécologiques et mammaires de mauvais pronostic. Le centre pilote du réseau est le CLCC Léon Bérard (service de gynécologie) situé à Lyon, et 32 centres experts sont répartis dans l’ensemble des régions françaises. Ses 4 principaux objectifs sont :
- de renforcer la diffusion des expertises médicales ainsi que les informations médicales accessibles aux patientes ;
- de faciliter l’inclusion des patientes dans les essais dédiés aux cancers de mauvais pronostic gynécologiques et mammaires mais aussi dans les essais basket souvent moins visibles ;
- de positionner le patient comme un membre à part entière de l’équipe de soin et intégrer des patients partenaires ;
- de partager les organisations régionales afin de diffuser les modèles inspirants partout sur le territoire.
Le réseau GLIOREC est un réseau dédié aux cancers neurologiques de mauvais pronostic. Le centre pilote du réseau est le CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris (service de neuro-oncologie). 38 centres experts maillent par ailleurs, l’ensemble du territoire français. Ses objectifs principaux s’articulent autour de 3 axes :
- mettre en place des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) pour les patients présentant un glioblastome ou un gliome apparenté ;
- améliorer le diagnostic et l’accès à l’innovation thérapeutique ;
- favoriser l’enseignement et la formation.
Le réseau RECAP est un réseau dédié aux cancers thoraciques de mauvais pronostic. Le centre pilote du réseau est l’AP-HP, les deux coordonnateurs nationaux étant rattachés au CHU Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt et au CHU Cochin à Paris (services de pneumologie). Le réseau compte 32 centres experts sur l’ensemble du territoire national.
L’objectif principal du réseau RECAP est de faciliter l’accès à l’innovation (diagnostique et thérapeutique) pour les patients atteints d’un cancer broncho-pulmonaire, quel que soit l'endroit où ils sont pris en charge en France métropolitaine et dans les territoires d'Outre-mer. Les autres objectifs sont :
- l’harmonisation des pratiques ;
- la valorisation des pratiques au sein des centres experts et du centre pilote ;
- l’échange d’informations sur les pratiques territoriales régionales ;
- la diffusion de l’information aux centres des Groupements Hospitaliers de Territoire (GHT) et aux patients, en vue d'améliorer la qualité des soins et de favoriser l’échange des bonnes pratiques avec les secteurs de soins de proximité.
Un réseau européen d'expertise sur les cancers de mauvais pronostic
Parallèlement à la dynamique engagée en France, le projet européen JaNE a été mis en place pour préparer la mise en place d’un réseau d'expertise européen sur les cancers et les conditions associées. Ce dispositif relie les quatre réseaux de référence existants et crée de nouveaux réseaux d'expertise, notamment pour les cancers de mauvais pronostic et ceux touchant les adolescents et les jeunes adultes. Un second projet – JaNE-2 – est prévu à partir de novembre 2025 pour mettre en œuvre ces nouveaux réseaux.
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