Le traitement par thérapie ciblée

On appelle thérapie ciblée un traitement à base de médicaments qui agissent sur des mécanismes spécifiques aux cellules cancéreuses. Actuellement, le seul médicament de thérapie ciblée qui bénéficie d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) dans le traitement des cancers du foie est le sorafénib. D’autres molécules sont en cours d’évaluation dans le cadre d’essais cliniques.

Comment fonctionne le sorafénib ?

Le sorafénib ralentit la progression du cancer en agissant sur la vitesse de croissance des cellules cancéreuses et en empêchant le développement des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur.

Ce médicament est indiqué lorsque :

  • la localisation ou l’extension de la tumeur rend impossible tout autre traitement ;
  • les traitements précédents n’ont pas apporté les résultats attendus.

Le sorafénib se présente sous la forme de comprimés à avaler à heures fixes. C’est un traitement général, appelé aussi traitement systémique, qui agit dans l’ensemble du corps. Cela permet d’atteindre les cellules cancéreuses quelle que soit leur localisation dans le corps.

Les doses administrées, ainsi que la durée du traitement, varient d’une personne à l’autre en fonction des caractéristiques du cancer et de la tolérance au traitement. C’est pourquoi le plan de traitement est déterminé au cas par cas.

Avant de démarrer ce traitement, le médecin s’assure que vous ne présentez pas de signes qui pourraient augmenter le risque de complications. Une hypertension artérielle ou des varices œsophagiennes sont recherchées, et traitées le cas échéant.

La posologie habituelle est de deux comprimés deux fois par jour, mais elle est peut varier selon votre situation personnelle. En cas d’effets secondaires trop importants et invalidants, le traitement peut être diminué, voire interrompu.

Quels sont les effets secondaires possibles du sorafénib ?

Les effets secondaires du sorafénib varient selon le dosage du médicament et les personnes. Votre médecin vous informe de l’ensemble des effets qu’il peut entraîner et des moyens pour y faire face.

La prise de sorafénib peut s’étendre sur plusieurs mois et les effets secondaires, s’installer dans le temps. Plusieurs effets sont susceptibles d’alterner et de varier dans leur durée et leur intensité. Certains d’entre eux arrivent à être limités ou évités grâce à des traitements préventifs ou des conseils pratiques. Néanmoins, s’ils deviennent trop importants, le traitement peut être diminué ou interrompu, le temps que votre organisme se remette.

Diarrhées

Les diarrhées sont fréquentes lors de la prise de sorafénib. Un traitement préventif (antidiarrhéique) peut vous être prescrit. Pour limiter les diarrhées, privilégiez une alimentation pauvre en fibres à base de riz, pâtes, pommes de terre vapeur, carottes, bananes bien mûres, gelée de coings, fromage à pâte cuite et biscottes. Une hospitalisation doit être envisagée en cas de diarrhée persistante ou associée à de la fièvre ou des vomissements.

Nos conseils pour prévenir ou limiter les diarrhées causées par les traitements

Troubles cutanés et syndrome main-pied

Le sorafénib peut entraîner des troubles au niveau de la peau : rougeurs, plaques, dessèchement, tiraillement.

Le syndrome main-pied est un trouble de la peau qui se manifeste au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Il se caractérise par des rougeurs, un gonflement, une sécheresse ou des cloques.

Conseils pour limiter les troubles cutanés

À faire :

  • appliquer régulièrement et généreusement un agent hydratant sur la peau ;
  • réaliser une manucure et une pédicure avant de commencer le traitement, si les mains et les pieds sont déjà un peu abîmés (présence de corne) ;
  • porter des vêtements amples et des chaussures souples.

À éviter :

  • l’exposition des mains et des pieds à la chaleur (soleil, bains chauds) ;
  • les activités qui entraînent un frottement de la peau ou une pression sur les mains (activités ménagères, conduite, jardinage…) ;
  • les pansements adhésifs ou les bandages serrés ;
  • la marche et la course à pied.

Si malgré cela, votre peau devient rouge, sensible ou douloureuse, signalez-le à votre médecin sans attendre que les symptômes n’empirent. Des médicaments antidouleur, prescrits par votre médecin, ou des soins locaux peuvent les soulager.

Fatigue

La fatigue peut être causée par la maladie elle-même, l’appréhension des examens, les déplacements quotidiens. Elle peut aussi être liée au sorafénib : elle dépend de votre tolérance à ce traitement et de ses effets secondaires. En effet, une anémie, une perte d’appétit, des nausées et des vomissements, une fièvre ou encore des douleurs peuvent contribuer à cette fatigue. Elle ne doit pas être banalisée. Signalez-la à l’équipe soignante afin qu’elle soit prise en charge le mieux possible.

Nos conseils pour limiter la fatigue. 

Chute des cheveux

La chute des cheveux (appelée alopécie) peut être difficile à vivre car elle est un signe concret et visible de la maladie. Elle est généralement peu fréquente, souvent progressive et toujours temporaire. Les cils, les sourcils et les poils pubiens sont également susceptibles de tomber provisoirement.

Baisse des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes

Le traitement peut avoir des effets secondaires sur le sang et la moelle osseuse et entraîner :

  • une baisse du nombre de globules blancs (leucopénie), en particulier des lymphocytes (lymphopénie). Cette baisse entraîne un risque accru d’infection car les moyens de défense du corps sont réduits ;
  • une baisse des globules rouges (anémie), chargés de transporter l’oxygène dans tout le corps. L’anémie se manifeste principalement par une pâleur et une fatigue qui ne s’atténue pas avec le repos ;
  • une baisse du nombre de plaquettes (thrombopénie), responsables de la coagulation du sang. Une diminution des plaquettes augmente le risque d’hématomes et de saignements (principalement au niveau des gencives).

Le nombre des globules blancs, des globules rouges et des plaquettes peut baisser de façon importante et simultanée. On parle d’aplasie. Elle est rare.

Des prises de sang sont effectuées régulièrement pour vérifier les taux de globules blancs, globules rouges et plaquettes. Dans de rares cas, une transfusion de globules rouges ou de plaquettes est réalisée.

Signes à surveiller pendant votre traitement

En cas de fièvre (plus de 38°C pendant plus de 6 heures) ou si vous ne vous sentez pas bien (frissons, diarrhées ou vomissements importants), consultez immédiatement votre médecin traitant.

Réactions allergiques

Comme tout médicament, le sorafénib peut être source d’allergie. Alertez votre médecin en cas de gonflement du visage, des lèvres et de la langue, d’essoufflement, de fièvre, de réactions cutanées graves (démangeaisons, rougeurs, boutons), de difficultés à respirer…

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