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Cancers de la thyroïde : quels sont les traitements possibles ?

La stratégie thérapeutique (c'est-à-dire le choix de votre traitement) repose sur une approche personnalisée qui prend en compte le niveau de risque de récidive du cancer et votre qualité de vie.

Pour des cancers qui se sont étendus localement ou métastatiques, d’autres types de traitements peuvent être discutés, comme une radiothérapie externe, un traitement par un médicament de thérapie ciblée ou de la radiologie interventionnelle.

Certains cancers de petite taille et de faible agressivité, qui évoluent très lentement, peuvent relever d’une surveillance active qui est alors une alternative à la chirurgie, basée sur la réalisation régulière d’une échographie cervicale.

À noter : ce dossier n'aborde que les traitements administrés en première intention, c’est-à-dire après le diagnostic.

Exemples de questions à poser à l’équipe médicale

  • Quels sont les traitements préconisés dans ma situation ? Pourquoi ?
  • Quels sont les objectifs de chacun de ces traitements ?
  • Quels en sont les effets indésirables ? Comment les prévenir et les soulager ?
  • Où et quand se déroulent les traitements ? Avec quels médecins et quelles équipes médicales ?
  • Quelle est leur durée ?
  • Comment suis-je suivi pendant les traitements ?
  • Quel est l’impact possible sur ma vie quotidienne ?

Les dates de vos différents traitements, leur durée et les coordonnées des membres de l’équipe soignante sont indiquées dans votre programme personnalisé de soins (PPS).

Comment est établi le choix de vos traitements ?

Le choix de vos traitements est adapté à votre cas personnel et dépend des caractéristiques du cancer dont vous êtes atteint :

  • le nombre de foyers tumoraux présents dans la thyroïde ;
  • la taille et les caractéristiques du ou des foyers tumoraux ;
  • le développement de la tumeur en dehors de la thyroïde ;
  • l’atteinte ou non des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses ;
  • la présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps.

Ces caractéristiques sont déterminées grâce aux examens du bilan diagnostique et à l’analyse anatomopathologique des tissus prélevés pendant l’opération. Ces examens permettent aussi de préciser le niveau de risque de récidive de la maladie (faible, intermédiaire ou élevé).

Votre âge, vos antécédents médicaux et chirurgicaux, votre état de santé global, les contre-indications éventuelles à certains traitements, ainsi que vos souhaits, sont également pris en compte lors du choix des traitements.

Le choix de vos traitements fait l’objet d’une concertation pluridisciplinaire

Votre situation est discutée au cours d’une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP) qui rassemble au moins 3 médecins de spécialités médicales différentes : endocrinologue, médecin nucléaire, chirurgien, radiologue, pathologiste, etc.

En tenant compte des spécificités de votre situation et en s’appuyant sur des outils d’aide à la décision appelés recommandations de bonnes pratiques, les médecins établissent une proposition de traitements.

La proposition de traitements est discutée avec vous

Lors d’une consultation spécifique, la consultation d’annonce, le médecin vous explique les caractéristiques de votre maladie. Il vous présente la proposition de traitement retenue, les bénéfices attendus et les effets indésirables possibles. C’est l’occasion pour vous d’en discuter avec lui et de donner votre avis sur la proposition qui vous est faite.

Cette consultation est importante. Il est utile d’être accompagné par l’un de vos proches ou par la personne de confiance que vous avez choisie.

Avant la consultation, notez toutes les questions qui vous viennent en tête et prenez le temps de les poser à votre médecin. Cet échange vous permettra de mieux comprendre et d’intégrer les informations données par le médecin, en particulier celles sur le traitement envisagé, avec ses conséquences sur l’organisation de votre vie quotidienne, et de prendre avec lui les décisions adaptées à votre situation.

Où se déroulent les traitements ?

La chirurgie, l’irathérapie et la radiothérapie sont réalisées au sein d’établissements qui sont autorisés à les pratiquer. Ces établissements respectent des critères qui garantissent la qualité et la sécurité de ces traitements.

Consulter la liste des établissements autorisés par région à soigner des patients atteints de cancer

Participer à un essai clinique, pourquoi faire ?

L’équipe médicale peut vous proposer de participer à un essai clinique.

Les essais cliniques sont des études scientifiques menées avec la participation des personnes malades. Cela ne peut être fait qu’après votre information et votre accord écrit.

Les cancers de la thyroïde font l’objet de nombreuses études qui visent notamment à :

  • évaluer l’efficacité de certains examens d’imagerie médicale dans le cadre du bilan diagnostique et du suivi ;
  • comparer l’efficacité de différentes stratégies de traitements et leurs éventuels effets indésirables ;
  • tester des nouveaux traitements anticancéreux, notamment des thérapies ciblées et des immunothérapies (un traitement médicamenteux qui vise à stimuler les défenses immunitaires de l’organisme contre les cellules cancéreuses) pour les cancers rares ou résistants aux traitements de première intention ;
  • comparer l’efficacité des médicaments utilisés pour soulager les symptômes (médicaments contre la douleur, par exemple).

Chaque essai clinique a un objectif précis. Pour y participer, les patients doivent satisfaire à un certain nombre de critères, appelés critères d’inclusion, spécifiques à chaque essai et fixés dans le protocole de l’essai. C’est le médecin qui vérifie la possibilité que vous puissiez participer ou non.

Les essais cliniques sont indispensables pour faire progresser la recherche et, à terme, la manière dont les patients sont soignés. C’est grâce à ces études que des avancées sont réalisées en matière de traitements contre les cancers. Dans certains cas, un essai clinique peut vous permettre d’accéder à un nouveau traitement en le testant.

Si le traitement administré dans le cadre de l’essai clinique ne vous convient pas, le médecin peut décider d’y mettre fin et vous proposer un autre traitement. À tout moment, vous pouvez également décider de quitter un essai clinique sans que cela ne modifie ni la qualité de vos soins, ni votre rapport avec votre médecin.

Pour voir quels sont les essais cliniques en cours sur les cancers de la thyroïde, vous pouvez consulter notre registre des essais cliniques.

Quels sont les principaux traitements possibles en fonction de l’étendue du cancer ?

Le choix et l’ordre des traitements des cancers de la thyroïde dépendent notamment de l’étendue du cancer au moment du diagnostic, c’est-à-dire de son stade.

Ce stade est déterminé grâce aux examens du bilan diagnostique, dont l’analyse anatomopathologique, qui est effectuée après la chirurgie initiale.

Comment détermine-t-on les stades d’un cancer ?

Pour évaluer l’extension du cancer, les médecins s’appuient sur un système de classification international appelé TNM, qui prend en compte :

  • la taille et les caractéristiques de la ou des tumeur(s) présente(s) dans la thyroïde (T pour tumor) ;
  • l’atteinte ou non des ganglions lymphatiques par des cellules cancéreuses (N pour node, qui signifie ganglion en anglais) ;
  • la présence ou non de métastases dans d’autres parties du corps (M pour metastasis).

Pour les cancers de la thyroïde, la classification TNM distingue 4 stades, classés de I à IV.

Comment choisit-on les traitements ?

Les principales possibilités thérapeutiques sont déterminées en fonction de l’étendue du cancer au moment du diagnostic. Elles sont réévaluées en fonction des nouvelles informations disponibles à l’issue de certains traitements ou examens.

Le choix des traitements est également adapté à votre niveau de risque de récidive : faible, intermédiaire ou élevé. Ce risque est établi après la chirurgie, en fonction de données cliniques et anatomopathologiques.

La classification en stades est rarement utilisée dans les cancers thyroïdiens (on parle plutôt de cancers "localisés", "localement avancés" ou "métastatiques").

Toutes les situations possibles ne sont pas décrites sur cette page.

Une grossesse pendant le traitement de votre cancer de la thyroïde ou durant votre hormonothérapie ?

Le traitement hormonal est surveillé et spécifiquement adapté lors de la grossesse pour faire face à l’augmentation des besoins en hormones thyroïdiennes.

Lorsque le diagnostic de cancer est effectué au cours d’une grossesse, votre parcours de soins est discuté avec votre équipe obstétricale. La découverte d’un cancer thyroïdien pendant une grossesse n’impose pas une interruption de grossesse.

Si une intervention chirurgicale est indiquée, elle se fait, de préférence, au second trimestre ou après l’accouchement, selon les cas. En revanche, le traitement par irathérapie n’est possible ni pendant la grossesse, ni pendant l’allaitement.

Principales possibilités de traitement d’un cancer localisé

La tumeur est localisée au sein de la thyroïde. Le bilan pré-opératoire peut montrer des ganglions cervicaux suspects. Il n’y a pas de signes cliniques de métastases. Le bilan d’extension à distance est réalisé, si nécessaire, après la chirurgie.

La chirurgie est le traitement de référence. Elle consiste à enlever :

  • soit un seul lobe de la thyroïde et l’isthme. Il s’agit d’une lobo-isthmectomie ;
  • soit toute la thyroïde, on parle alors de thyroïdectomie totale.

Le type de chirurgie dépend notamment des caractéristiques de la tumeur précisées par les résultats de la cytoponction à l’aiguille fine, du nombre, de la localisation et de la taille des nodules présents dans la thyroïde, ainsi que de la présence ou non de ganglions suspects. Dans les deux cas, un curage ganglionnaire peut être effectué.

Un traitement à l’iode radioactif, également appelé irathérapie, peut compléter une thyroïdectomie totale en cas de cancers à risque intermédiaire ou élevé de récidive, soit pour détruire le tissu thyroïdien restant et faciliter la surveillance, soit pour diminuer le risque de récidive.

L’hormonothérapie substitutive en hormones thyroïdiennes peut être nécessaire après une lobo-isthmectomie (ablation partielle) et est systématiquement mise en place après une thyroïdectomie totale. Elle doit être prise à vie. Elle permet de remplacer les hormones thyroïdiennes naturelles qui étaient produites par la thyroïde avant qu’elle ne soit retirée lors de la chirurgie (hormonothérapie substitutive). Dans de rares cas, elle participe au traitement du cancer (hormonothérapie frénatrice). Le niveau d’hormonothérapie est notamment décidé selon le niveau de risque de récidive. Il est adapté en fonction des bilans biologiques et de votre tolérance au traitement.

Principales possibilités de traitements d’un cancer localement avancé ou métastatique

Des cellules cancéreuses peuvent avoir atteint des structures voisines de la thyroïde (vaisseaux du cou, trachée, larynx, muscles, etc.), et des ganglions lymphatiques adjacents ou non à la thyroïde. Des métastases peuvent être présentes à distance, dans d’autres organes.

Une thyroïdectomie totale est effectuée à chaque fois qu’elle est possible, ainsi qu’un curage ganglionnaire uni- ou bilatéral autour de la thyroïde ou plus étendu dans le cou. 

L’irathérapie est généralement indiquée après la chirurgie et contribue au bilan d’extension.

Après la première cure d’iode radioactif, une scintigraphie corps entier est effectuée dans les jours qui suivent ce traitement. L’irathérapie peut être administrée plusieurs fois, en fonction de la première scintigraphie et du bilan dans les 6 à 12 mois après la fin du premier traitement.

Une hormonothérapie est systématiquement mise en place après une thyroïdectomie totale. Son objectif varie notamment selon le risque de récidive, votre âge, etc. Le but est généralement de maintenir la TSH relativement basse, afin d’éviter toute stimulation des cellules cancéreuses éventuellement encore présentes.

Les soins de support, qu'est-ce que c'est ?

Vos soins ne se limitent pas aux traitements spécifiques du cancer. Dans une approche globale, des soins et soutiens complémentaires peuvent être nécessaires pour traiter les conséquences de la maladie et de ses traitements : douleurs, raideur cervicale, fatigue, troubles de la voix, troubles alimentaires et de la déglutition, conséquences du traitement hormonal, difficultés psychologiques ou sociales, troubles de la sexualité, etc.

Ces soins, appelés soins de support, peuvent être proposés tout au long de votre parcours de soins et visent à maintenir votre qualité de vie. Ils font partie intégrante de votre traitement et comprennent notamment :

  • la gestion des effets indésirables des différents traitements (des séances de kinésithérapie post-chirurgicales pour assouplir votre cicatrice et les zones cervicales) ;
  • la possibilité d’être suivi par un spécialiste (ORL, orthophoniste) en cas de troubles de la voix ;
  • l’évaluation et le traitement de la douleur, qu’elle soit due au cancer ou aux traitements du cancer ;
  • l’aide à la pratique d'une activité physique adaptée, pendant ou après les traitements ;
  • la possibilité de préserver votre fertilité avant les traitements au sein d’un CECOS (Centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) ;
  • la possibilité pour vous et vos proches de consulter un psychologue ;
  • l’accès à une consultation diététique en cas de troubles de l’alimentation ;
  • des conseils d’hygiène de vie (aide à l’arrêt du tabac, à la réduction de la consommation d’alcool, à l’arrêt de produits addictifs…) ;
  • la possibilité de rencontrer un assistant social pour vous aider dans vos démarches administratives et financières ;
  • la gestion des troubles de la sexualité.

Ces soins doivent être anticipés et discutés dès la réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP). Ils doivent être listés dans votre programme personnalisé de soins (PPS). Vous pouvez également les demander à tout moment. N’hésitez pas à demander la liste des soins de support proposés par l’établissement de santé dans lequel vous êtes soigné ainsi que les modalités pour y accéder. Ils sont assurés par l’ensemble de l’équipe soignante, votre médecin généraliste ou des professionnels spécialisés : spécialiste de la douleur, assistant de service social, orthophoniste, diététicien, kinésithérapeute, psychologue, sexologue, socio-esthéticienne, etc. Ils peuvent se dérouler en établissement de santé (hôpital, clinique) ou en ville.

Les soins de support font partie intégrante de votre parcours de soins. Ils ne sont ni secondaires ni optionnels. Ils visent à vous assurer la meilleure qualité de vie possible. N’hésitez pas à parler à votre médecin et aux autres membres de l’équipe soignante de la façon dont vous vivez la maladie et les traitements. Cela leur permet de vous apporter les soins et soutiens nécessaires, et de vous orienter au mieux vers les professionnels concernés.

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Que penser des pratiques de soins non conventionnelles ?

Homéopathie, naturopathie, plantes, vitamines, acupuncture, massages, ostéopathie, relaxation… De nombreux malades ont recours à des médecines complémentaires, appelées aussi médecines douces ou parallèles. Elles peuvent leur apporter un soutien supplémentaire
pour mieux supporter la maladie, les traitements et leurs effets indésirables tels que la fatigue, l’anxiété ou la douleur. Ces pratiques de soins non conventionnelles peuvent avoir des effets indésirables ou interagir avec les traitements prescrits par le médecin qui vous suit pour votre cancer, par exemple lorsqu’elles contiennent de l’iode. Ces interactions peuvent notamment diminuer l’efficacité du traitement anticancéreux prescrit par votre médecin ou engendrer des toxicités. Il est donc très important d’en parler avec lui sans crainte d’être jugé. La prise de ce type de "compléments" est généralement recherchée par le pharmacien lors de la consultation tripartite d’initiation des thérapies orales ciblées.

Par ailleurs, si les pratiques de soins non conventionnelles peuvent vous soulager, elles ne remplacent en aucun cas les traitements habituels du cancer. Soyez vigilant si l’on vous propose des méthodes présentées comme plus efficaces que les traitements classiques. Il arrive en effet que des personnes ou des organisations cherchent à profiter de la vulnérabilité des personnes malades et/ou de leur famille en leur proposant des méthodes qui peuvent s’avérer dangereuses, coûteuses et inefficaces. En cas de doute sur des propositions qui vous sont faites, n’hésitez pas à interroger l’équipe médicale spécialisée qui vous suit, votre médecin traitant ou encore votre pharmacien.

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