Chirurgie : comment la vessie est-elle remplacée après l'opération ?

Dès lors que votre vessie a été enlevée, les urines émises par vos reins et uretères n'ont plus de réservoir naturel. Il faut donc la remplacer. Deux systèmes de collecte sont possibles : une néovessie ou une stomie (dérivation urinaire vers l'extérieur du corps). Avant l'opération, vous pouvez demander à votre chirurgien, ou une association, à rencontrer une personne qui a une néovessie ou une stomie.

Quelles sont les possibilités de remplacement de la vessie ?

La dérivation urinaire de type Bricker

La technique la plus fréquemment utilisée est une stomie de type Bricker, du nom de son inventeur. On parle souvent plus simplement de "Bricker".

Pour construire un Bricker, le chirurgien commence par prélever un segment d'intestin grêle, dont les parties sectionnées sont recousues. Celui-ci forme un tuyau. Le chirurgien suture une des extrémités et y rattache les deux uretères qui arrivent des reins. Ce tuyau est fixé à l'abdomen par un orifice, la stomie. Cette portion d'intestin ne constitue pas un réservoir, mais forme un conduit qui dirige les urines à l'extérieur. Elle débouche sur la peau, dans le bas du ventre. L'urine s'écoule par la stomie et est collectée dans une poche placée à l'extérieur du corps, autour de l'orifice de stomie.

25a Cancers Vessie - L'urostomie De Type Bricker.png

Le réservoir continent (ou "de Kock")

Le chirurgien peut construire une poche interne qui va déboucher sur le ventre. Cette poche est appelée "réservoir de Kock". Il détache un fragment d’intestin grêle et joint les parties sectionnées de l’intestin. La partie extraite forme un tuyau avec laquelle il confectionne un réservoir. Il y rattache les deux uretères. Il effectue une petite ouverture sur l’abdomen, la stomie, généralement en bas à droite, y fait déboucher ce segment d’intestin, et y installe une valve étanche qui empêche l’urine de s’écouler.

25b Cancers Vessie - Le Réservoir De Kock.png

A la différence des interventions de Bricker ou des urétérostomies, cette poche est continente, c'est-à-dire qu'elle recueille les urines à l'intérieur du corps et évite une poche externe. C'est un type de néovessie, mais comme le chirurgien n'a pas pu la rattacher à l'urètre, vous devez vider votre poche régulièrement par des autosondages en introduisant un tuyau fin par la stomie.

L'urétérostomie bilatérale

Dans de très rares cas, le chirurgien peut préférer dériver les uretères directement à l'extérieur. Dans ce cas, il suture les deux uretères à la paroi de l'abdomen, l'un à droite et l'autre à gauche. Il fait donc deux stomies, ce qui nécessitera deux poches de recueil des urines.

25c Cancers Vessie - L'urétérostomie Bilatérale.png

Les uretères sont cousus à la peau. Le recueil des urines se fait à l'aide d'une sonde que vous devrez porter à vie.

Comment vivre au quotidien avec une néovessie ?

Si vous avez une vessie de remplacement, vous devez boire au moins 1,5 litre d'eau par jour afin d'éviter les infections et les calculs qui pourraient se former dans la néovessie, et d'évacuer le mucus que produit le segment d'intestin utilisé pour former votre nouvelle vessie.

La néovessie étant formée d'un morceau d'intestin, vous ne ressentez plus le signal vous avertissant que votre vessie est pleine et elle ne peut pas se contracter pour évacuer les urines. Vous devez donc apprendre à uriner autrement.

Pendant votre séjour à l'hôpital, l'équipe soignante va vous expliquer comment vider votre vessie.

Les premières semaines, vous allez muscler votre périnée grâce à une rééducation spécifique. Pendant plusieurs semaines, des fuites se produisent mais, petit à petit, vous allez de mieux en mieux contrôler vos mictions.

Dans les premiers temps, votre néovessie n'a pas une grande capacité : elle ne peut contenir généralement que 100 millilitres de liquide ; vous devez donc uriner de façon régulière et rapprochée. Mais peu à peu, elle va se distendre jusqu'à atteindre une contenance presque équivalente à votre ancienne vessie ; les mictions vont être moins fréquentes. Après trois mois, les patients urinent généralement toutes les trois heures environ. Les hommes peuvent uriner debout s'ils le souhaitent.

La nuit, un réveil à heures régulières permet souvent d'éviter les fuites. Une autre solution est d'utiliser des garnitures ou, pour les hommes, un étui pénien.

À long terme, environ 80 % des patients peuvent retenir leurs urines sans problème. Si des fuites sont toujours possibles, elles sont souvent provoquées par une attente prolongée entre deux mictions ou un effort physique important. Il ne faut pas attendre plus de 4 à 5 heures entre les mictions pour éviter que votre vessie ne se distende trop.

Petit à petit, vous apprendrez à reconnaître la sensation de pesanteur qui signifie que votre vessie est pleine. Vous pourrez reprendre une vie comparable à celle que vous aviez avant l'opération, faire du sport, vous baigner, voyager...

Comment vivre au quotidien avec une stomie ?

Si le chirurgien n'a pas pu conserver votre urètre, il a créé une urostomie, une ouverture qui permet à l'urine de s'évacuer hors du corps. Comme c'est une muqueuse, la stomie est rouge et humide.

Les stomies sont placées généralement au niveau du bas ventre, sous le nombril, à droite ou à gauche selon le type de chirurgie pratiqué. Le chirurgien tient compte des plis de votre ventre pour éviter qu'elle ne s'y cache.

Apprendre que l'on a un cancer de la vessie, que l'on va devoir subir une opération et que l'on va avoir une urostomie est une étape souvent difficile à vivre psychologiquement. Rencontrer un psychiatre ou un psychologue, ou participer à un groupe de paroles peut vous aider à mieux accepter ce nouveau moyen d'uriner. Un stomathérapeute vous guidera jusqu'à ce que vous maîtrisiez complètement cette nouvelle pratique.

Qu'est-ce qu'un stomathérapeute ?

Des infirmiers sont spécialisés pour aider les personnes dotées d'une stomie. Ces stomathérapeutes vont chercher avec vous l'appareillage qui vous convient le mieux et, pendant votre hospitalisation, vont vous apprendre à le manipuler. Ils vous montrent comment prendre soin de votre stomie, comment changer votre poche ou vider votre vessie interne (réservoir de Kock) par des sondages.

Les stomathérapeutes vous accompagnent jusqu'à ce que vous puissiez reprendre une vie personnelle, familiale, professionnelle et sociale normale et être autonome.

Le service de l'hôpital vous transmettra les coordonnées d'un stomathérapeute près de chez vous, auquel vous pouvez faire appel une fois à domicile.

En cas de douleur ou de saignement abondant, consultez votre médecin.

L'équipe médicale et paramédicale, les psychologues et les stomathérapeutes sont là pour vous aider et vous conseiller en cas de besoin. 

Les associations de patients urostomisés permettent d'échanger avec d'autres personnes dans la même situation que vous ; elles peuvent beaucoup vous apporter après l'opération. Aux dires d'anciens patients opérés, reprendre une vie active est un élément déterminant pour reprendre confiance. On évalue à environ 10 000 le nombre de personnes urostomisées en France.

Stomies avec poche externe 

Vous pouvez avoir une stomie qui nécessite une poche externe pour recueillir les urines ou une stomie avec une vessie interne (poche continente interne).

  • Si vous avez un Bricker, un bout d'intestin a été prélevé pour former un tuyau sur lequel les uretères ont été greffés et qui permet à l'urine de s'écouler vers l'extérieur par un seul orifice qui s'abouche à la peau (stomie).
  • Si vous avez des urétérostomies cutanées, vos uretères ont été directement suturés à la peau. Vous avez donc deux orifices cutanés (stomies) au niveau de l'abdomen. Comme les uretères ne sont pas rigides, une sonde, petit tuyau fin, est implantée dans chaque uretère. La sonde tuteure chacun des uretères pour empêcher que le conduit ne rétrécisse. Les sondes sont changées régulièrement toutes les six semaines environ.

Comme la stomie n'a pas de sphincter pour retenir les urines, l'urine s'évacue au fur et à mesure de sa production par les reins. C'est donc une poche collée sur la peau qui permet de les recueillir.

Deux types d'appareillage de poches existent :

  • un système composé d'une pièce collée directement sur la peau, qui doit être changée tous les deux jours ;
  • un système composé de deux pièces qui comprend un support collé sur la peau sur lequel est positionnée la poche. Le support peut rester en place quatre jours et la poche, munie d'un système de vidange, est remplacée tous les deux jours.

Vous choisissez le système qui vous convient le mieux, en fonction de votre préférence et de votre anatomie. Les deux types d'appareillage sont remboursés par la Sécurité sociale.

Les systèmes d'appareillage peuvent éventuellement être utilisés avec une ceinture de maintien.

Vous pouvez avoir une alimentation équilibrée, comme tout le monde, et vous devez boire beaucoup d'eau, au moins 1,5 à 2 litres par jour, pour éviter les infections. 

Si vous avez un Bricker, le segment d'intestin qui a été utilisé pour rassembler les urines produit souvent du mucus. Boire beaucoup permet de l'éliminer afin qu'il ne bouche pas la stomie.

Le soin de la stomie

La poche doit être vidée dans les toilettes plusieurs fois par jour. Il est conseillé de la vidanger dès qu'elle est à moitié pleine. La nuit, on peut raccorder à la poche en place une poche de nuit, ce qui évite d'avoir à se lever.

Pour la changer, la poche vidangée est décollée du haut vers le bas. Vous pouvez être assis ou debout. La peau et la stomie sont lavées avec l'eau du robinet, puis sont soigneusement séchées. Pour les hommes, les poils sont rasés ou coupés si nécessaire. La nouvelle poche est ensuite installée.

Peu à peu, vous pourrez reprendre une vie comparable à celle que vous aviez avant l'opération, faire du sport, vous baigner, voyager.... Aujourd'hui, les matériaux modernes ne se décollent pas avec la sueur : il est plus facile de faire du sport.

Les stomies avec poche continente

Si vous avez une poche continente, dite aussi réservoir de Kock, vous videz votre vessie interne par des sondages. Cet autosondage vésical consiste à introduire une sonde, un tuyau fin, par la stomie. Ce n'est pas douloureux.

Vous pouvez être assis ou debout. La peau et la stomie se lavent avec l'eau du robinet, ce qui suffit. Si vous souhaitez utiliser du savon, choisissez un savon neutre et pensez à bien rincer.

La peau et la stomie lavées, vous introduisez la sonde : l'urine est alors évacuée dans les toilettes. La stomie est ensuite simplement recouverte par un pansement.

Au départ, ces sondages sont généralement effectués toutes les deux heures, puis ensuite quatre à six fois par jour. La nuit, vous devez vous lever pour vider votre vessie.

Le matériel de sondage prescrit par le médecin ou le stomathérapeute est remboursé par la sécurité sociale.

D'éventuels problèmes de la valve d'étanchéité, de rétrécissement de la stomie et de formation de calculs sont à surveiller. Les complications liées à la stomie sont relativement rares : l'orifice n'est pas douloureux, mais il peut facilement saigner. Si des douleurs ou un saignement abondant apparaissent, il est recommandé de consulter son médecin. Vous devez boire beaucoup pour éviter les infections et évacuer le mucus que produit le segment d'intestin utilisé pour construire votre vessie interne. Si l'urine ne s'écoule plus, vous devez consulter sans délai.

Se faire accompagner après l'opération

Dans les premiers jours qui suivent l'intervention, vous êtes accompagné et formé par l'équipe médicale et paramédicale. Peu à peu, vous allez progressivement acquérir une autonomie qui vous permettra de reprendre vos activités et de vivre normalement.

 

A lire aussi

Comment est diagnostiqué un cancer de la vessie ?

Après vous avoir examiné, le médecin peut vous prescrire des examens. L'objectif est de poser précisément un diagnostic et, si vous avez bien [...]