Douleurs et traitements
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Les traitements contre le cancer peuvent engendrer divers effets indésirables, dont des douleurs qui varient selon les personnes et le type de traitement. Ces douleurs, qu'elles soient causées par la chimiothérapie, la chirurgie, ou la radiothérapie, nécessitent une gestion attentive. En informant rapidement votre équipe soignante, il est possible de limiter, voire éviter, leur apparition grâce à des mesures adaptées et des traitements ciblés.
Bien que les traitements contre le cancer soient de plus en plus efficaces, ils provoquent des effets indésirables souvent responsables de douleurs. Ces douleurs varient d’une personne à l’autre. Souvent, de simples mesures de prévention permettent de les limiter, voire de les éviter.
En cas de douleurs liées aux traitements, les médecins sont parfois amenés à alterner ou à arrêter temporairement ce traitement, le temps que le corps récupère.
Avant de commencer les traitements contre votre maladie, demandez à votre médecin ou à l’équipe soignante si vous risquez d’avoir mal et comment éviter au mieux la douleur et informez-les dès qu'une douleur survient afin de la traiter le plus tôt possible.
Pendant une chimiothérapie
La chimiothérapie consiste à utiliser des médicaments toxiques pour les cellules cancéreuses. Ces médicaments empêchent les cellules de se multiplier, jusqu’à ce qu’elles meurent et disparaissent. Ils peuvent être administrés par injection, perfusion, ou parfois sous forme de comprimés.
La chimiothérapie est un traitement général, c’est-à-dire qu’elle agit dans l’ensemble du corps. Les médicaments utilisés ont parfois un effet toxique sur des cellules saines, surtout celles qui se renouvellent rapidement, comme les cellules du sang, de la peau ou des muqueuses. Ils peuvent alors entraîner des douleurs aiguës, qui apparaissent après deux ou trois semaines de traitement et disparaissent lorsque la chimiothérapie est finie.
Des douleurs au niveau de la bouche
Les muqueuses de la bouche sont particulièrement fragiles. Si votre bouche commence à vous faire mal (mucites avec aphtes, picotements, sensation de brûlure…), signalez-le rapidement à votre médecin ou aux soignants avant que la douleur n’empire et pour un éventuel contrôle sanguin de chute des globules blancs.
Ces douleurs peuvent rendre l’alimentation douloureuse, voire impossible. Elles peuvent justifier un traitement à base de morphine.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article Problèmes de bouche.
Des douleurs sur la peau
Des douleurs et des rougeurs peuvent apparaître au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds (notamment avec des médicaments comme la capécitabine, le fluoro-uracile). On parle de syndrome main-pied.
Il faut les signaler dès leur apparition pour qu’elles soient traitées grâce à des soins locaux à base de crème ou une diminution du dosage de la chimiothérapie.
La peau est sensible aux médicaments de chimiothérapie. De manière générale, il est déconseillé de s’exposer au soleil pendant le traitement.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter notre article Problèmes de peau.
Des douleurs liées à une atteinte des nerfs
Certains médicaments de chimiothérapie ont un effet toxique sur les nerfs (notamment les médicaments dérivés du platine ou les taxanes). Ils peuvent alors entraîner des douleurs de type neuropathique.
N’hésitez pas à poser des questions à votre médecin sur les médicaments contre le cancer qu’il vous propose, leurs résultats et leurs effets secondaires possibles.
Les autres médicaments contre le cancer
À côté de la chimiothérapie, il existe d’autres traitements médicamenteux contre le cancer, comme l’hormonothérapie (action contre certaines hormones qui stimulent la croissance de la tumeur), l’immunothérapie (stimulation des défenses naturelles de l’organisme contre la tumeur, avec des vaccins notamment) et les anti-angiogènes (destruction des vaisseaux sanguins qui alimentent la tumeur).
Ces traitements génèrent parfois des douleurs : certaines hormonothérapies entraînent des douleurs musculaires et articulaires. Certains vaccins également peuvent provoquer des réactions inflammatoires locales.
Après une intervention chirurgicale
La chirurgie consiste à enlever ou à réduire la tumeur lors d’une opération. L’objectif est de supprimer le plus possible de cellules cancéreuses.
Les douleurs liées à la chirurgie varient selon les personnes, la zone opérée, la technique utilisée et l’importance de l’opération.
Les douleurs postopératoires
Tout de suite après l’intervention, des douleurs appelées postopératoires sont systématiques. Elles doivent donc être prévenues et traitées. Elles sont dues à plusieurs facteurs : l’incision de la peau, les manipulations réalisées à l’intérieur du corps, l’anxiété, l’immobilisation, le retrait d’un drain ou la pose d’une sonde.
Ce sont des douleurs aiguës. Elles disparaissent en quelques jours ou quelques semaines, le temps que la cicatrisation soit complète.
Les douleurs postopératoires sont de mieux en mieux maîtrisées.
Néanmoins, si vous avez mal à la suite d’une opération, signalez-le à l’équipe soignante. Les douleurs postopératoires doivent être traitées rapidement.
Si elles persistent, elles risquent de ralentir votre rétablissement et de devenir chroniques. Elles sont alors plus difficiles à traiter.
Les douleurs neuropathiques
La chirurgie abîme ou sectionne les structures nerveuses. Elle peut alors entraîner des douleurs neuropathiques.
Le risque de douleurs neuropathiques concerne en particulier les opérations du sein, du cou et des poumons, ou une amputation des membres.
Dans le cadre d’une chirurgie du sein par exemple, le prélèvement de ganglions peut entraîner des douleurs neuropathiques au bras. Les patientes ressentent un engourdissement, des fourmillements ou d’autres « sensations étranges », au bras, à l’épaule ou à la main. Ces douleurs sont lancinantes ou continues. Le bras devient lourd, très sensible et faible.
Les douleurs neuropathiques causées par la chirurgie ne sont pas immédiates. Elles apparaissent quelques semaines, quelques mois, voire des années après l’intervention. Ces douleurs sont imprévisibles : parfois, la section des nerfs n’entraîne aucune douleur.
D’autres fois, la simple incision de la peau (qui contient de petits nerfs) suffit à les déclencher. Ces douleurs nécessitent un traitement à long terme. Elles sont considérées comme des séquelles de la chirurgie.
Se préparer avant l’intervention
Les études scientifiques montrent que les personnes ressentent moins fortement la douleur après une opération lorsqu’elles ont été prévenues à l’avance des douleurs possibles et des moyens disponibles pour les soulager.
Pour vous préparer à l’intervention, voici des exemples de questions que vous pouvez poser à votre médecin, au chirurgien ou au médecin anesthésiste :
- Que va-t-on me faire pendant l’opération ?
- L’intervention est-elle douloureuse ?
- combien de temps durera la douleur ?
- A quoi est-elle due ?
- Qu’allez-vous faire pour me soulager ?
- Que me proposerez-vous si ces mesures sont insuffisantes ?
- Y a-t-il des risques de séquelles douloureuses ? Lesquelles ?
- Ces séquelles sont-elles définitives ?
- Peut-on les traiter ?
Il est important de signaler, même longtemps après l’opération, toute douleur dans la partie du corps opérée. La réapparition d’une douleur peut éventuellement être le signe d’une récidive de la maladie.
Pendant et après une radiothérapie
La radiothérapie consiste à utiliser des rayons qui détruisent la tumeur ou réduisent son volume.
Les rayons en eux-mêmes sont indolores. Cependant, au fur et à mesure des séances, des douleurs peuvent apparaître. En effet, les rayons traversent des tissus non malades pour atteindre la tumeur. Ils provoquent alors une inflammation, qui se traduit par des sensations d’échauffement ou de brûlure dans la zone irradiée, en particulier à la surface de la peau ou au niveau des muqueuses.
Si les rayons traversent le tube digestif, ils peuvent provoquer des vomissements, des diarrhées ou des crampes au niveau de l’estomac et de l’intestin. Quelques conseils de prévention limitent l’apparition de ces douleurs.
Conseils alimentaires pendant la radiothérapie
- fractionner les repas et choisir des plats faciles à avaler (purées, viandes hachées…)
- boire beaucoup d’eau pour éviter la déshydratation (au moins 1,5 litre par jour), notamment des boissons pétillantes sans sucre (de type cola)
- prendre des traitements contre les nausées et les vomissements (médicaments antiémétiques prescrits par le médecin)
- éviter de manger juste avant ou juste après la séance de radiothérapie
Généralement, les douleurs provoquées par la radiothérapie disparaissent en quelques semaines après la fin du traitement. Il s’agit de douleurs aiguës.
Des douleurs chroniques
Cependant, lorsque la dose totale de rayons utilisée est élevée, des douleurs chroniques peuvent apparaître. Les nerfs et les tissus non malades touchés par les rayons ne parviennent plus à s’autoréparer.
Les douleurs, souvent de type neuropathique ou mixte persistent alors, même après l’arrêt du traitement. Ces douleurs peuvent apparaître des mois, voire des années, après la fin du traitement. On parle de séquelles tardives.
Il n’existe pas de prévention particulière contre l’apparition de ces douleurs chroniques. Les progrès techniques importants de la radiothérapie (notamment le calcul de plus en plus précis de la trajectoire des rayons) permettent de réduire les risques de séquelles douloureuses.