Les effets indésirables possibles de la radiothérapie

L'irradiation de la radiothérapie peut avoir divers effets indésirables immédiats ou tardifs tels que la fatigue, des inflammations ou irritations, des troubles digestifs. Ces effets diffèrent d’une personne à l’autre en fonction de sa situation et de sa sensibilité. L'équipe médicale vous propose des soins de support en fonction de vos besoins et il existe également des conseils d'hygiène de vie et des soutiens pour vous aider à améliorer votre bien-être et votre qualité de vie.

La difficulté la plus importante liée à la radiothérapie vient du fait qu’en irradiant une tumeur, on ne peut pas éviter totalement d’irradier les tissus environnants. Il y a donc un risque d’altération de cellules saines, c’est-à-dire non cancéreuses, situées à proximité de la zone qu’on souhaite traiter. Cependant, les cellules saines sont capables de se régénérer, à l’inverse des cellules de la tumeur.

Cette altération entraîne ce que l’on appelle les effets indésirables. Même si ces risques sont connus, ils n’en constituent pas moins des conséquences pénibles lorsqu’ils surviennent. Toutefois, les techniques de radiothérapie sont de plus en plus précises et permettent de réduire au maximum la survenue de ces effets secondaires.

On distingue les effets indésirables qui se produisent pendant le traitement et dans les quelques semaines qui suivent, appelés effets indésirables immédiats, aigus ou précoces et les effets indésirables qui peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard, appelés effets tardifs ou encore complications ou séquelles.

Les effets indésirables diffèrent largement d’une personne à l’autre selon la localisation et le volume irradié, la dose délivrée, la radiosensibilité individuelle du patient et son état général.

L’équipe médicale vous informe sur ceux qui peuvent se produire dans votre cas et sur les moyens d’y faire face. Votre suivi régulier permet de les détecter et de réajuster le traitement si nécessaire.

Les effets indésirables décrits dans cet article sont les effets possibles les plus couramment observés.

Les effets indésirables immédiats

La fatigue

La découverte du cancer, l’appréhension des examens et des traitements, les déplacements quotidiens pour se rendre aux séances de radiothérapie, les traitements antérieurs (chirurgie ou chimiothérapie), une anémie, etc., provoquent souvent une fatigue physique et morale.

La fatigue a des répercussions importantes sur les activités quotidiennes, ainsi que sur la qualité de vie. Elle est à l’origine de sentiments d’impuissance, de détresse et parfois de dépression. C’est la raison pour laquelle elle doit être prise en charge dès qu’elle apparaît.
Votre fatigue ne doit pas être banalisée. Il n’est pas normal d’être anéanti par la fatigue sous prétexte que l’on est soigné pour un cancer.

Il est prouvé qu’une activité physique adaptée, régulière et modérée permet de lutter contre la fatigue après les traitements. 

Fatigue

Les troubles sexuels

De manière générale, il est possible d’avoir des rapports sexuels pendant une radiothérapie. La radiothérapie en elle-même ne modifie pas directement votre désir sexuel.
Toutefois, les effets indésirables et la modification de la perception du corps liée à la maladie ou aux traitements peuvent temporairement altérer ou modifier votre désir ou votre capacité physique. Cela varie en fonction des personnes. Il est important d’essayer d’en parler le plus librement possible avec votre partenaire.

Chez un homme, des troubles de l’érection ou de l’éjaculation sont possibles, surtout en cas d’intervention chirurgicale associée.

Lors d’une radiothérapie du bassin chez une femme, les rapports sexuels sont déconseillés : les muqueuses génitales sont irritées par les rayons, ce qui entraîne des douleurs pendant les rapports.

Vie intime et sexualité

Les problèmes de fertilité

Il est formellement contre-indiqué de débuter une grossesse pendant une radiothérapie. En effet, les rayons risquent de provoquer des malformations du fœtus. Il est conseillé d’attendre au moins 18 mois après la fin du traitement. Si vous êtes enceinte au moment où le cancer est découvert ou avant le début de la radiothérapie, vous devez en informer le médecin.

Chez les femmes non ménopausées, une radiothérapie du bas-ventre perturbe le fonctionnement des ovaires : les règles s’arrêtent et la ménopause peut s’installer. Dans ce cas, en fonction du type de cancer gynécologique traité, le médecin peut prescrire un traitement hormonal substitutif qui permet de diminuer les effets secondaires de la ménopause.
Pour éviter ce risque, dans certains cas ou chez des patientes très jeunes, une technique chirurgicale permet de déplacer les ovaires avant le traitement pour les protéger des effets des rayons et préserver leur fonctionnement : on parle de transposition des ovaires.

Le médecin peut également vous proposer des solutions pour pallier les problèmes de fertilité provoqués par la radiothérapie :

  • chez les adolescentes ou les jeunes femmes, il est possible de prélever des ovocytes avant le traitement et de les congeler en vue d’une grossesse ultérieure. On parle de conservation d’ovocytes. Cette possibilité doit être discutée avec le médecin 
  • pour les hommes, il est conseillé de congeler du sperme avant une irradiation du corps entier ou de l’abdomen, comme lors d’un lymphome, d’une maladie de Hodgkin ou d’un cancer du testicule. Cette préservation du sperme se fait au Centre d’étude et de conservation du sperme (CECOS)

Fertilité

Une réaction inflammatoire

Un gonflement de la région irradiée (appelé œdème) peut apparaître en cours de traitement. Un œdème est lié à l’accumulation de lymphocytes et de liquide dans les tissus au niveau de la zone traitée. Il est le plus souvent modéré, persiste parfois après le traitement et disparaît au cours de l’année qui suit.

Des effets sur le sang

La plupart des radiothérapies n’entraînent pas d’effets sur les cellules du sang (globules rouges, globules blancs, plaquettes). Ils sont cependant possibles dans certains cas, par exemple lors d’une radiothérapie très large du thorax, de l’abdomen et du pelvis, ou en cas d’irradiation d’une partie importante de la moelle osseuse, là où se fabriquent les différents éléments du sang.

L’apparition inhabituelle de bleus ou de petites taches rouges ou mauves sur la peau (purpura), notamment au niveau des jambes, doit être signalée, car cela peut être lié à une diminution des plaquettes. Un examen médical et un traitement antibiotique peuvent alors être nécessaires.

Nez, bouche et gorge

Une radiothérapie peut provoquer une inflammation des muqueuses, notamment au niveau du nez, de la bouche, de la gorge. Des médicaments adaptés peuvent vous soulager. Une sonde nasogastrique permet de soulager l’inflammation et de se réalimenter.

En cas de radiothérapie de la bouche, si vous avez des prothèses dentaires métalliques amovibles, celles-ci doivent être retirées avant chaque séance.

Quelques précautions peuvent limiter l’apparition de certains effets secondaires ou diminuer leur intensité :

  • avant le début de la radiothérapie, faire un bilan dentaire complet chez un dentiste spécialisé, en concertation avec l’équipe médicale, et se faire suivre de façon régulière pour éviter les caries 
  • se brosser régulièrement les dents et appliquer tous les jours du fluor sur les dents (gouttières fluorées) 
  • boire beaucoup d’eau pour maintenir la bouche humide 
  • faire des bains de bouche sans alcool prescrits par le médecin
  • supprimer la consommation d’alcool, de tabac et autres irritants

Il est possible que des soins dentaires doivent être poursuivis tout au long de votre vie.

Peau

Les rayons provoquent parfois des réactions au niveau de la peau. Après deux semaines de traitement, la réaction la plus fréquente est une rougeur de la peau au niveau de la zone irradiée. Cette rougeur, appelée érythème cutané, est semblable à un coup de soleil. Elle varie selon le type de peau. La peau se met ensuite à peler et la rougeur disparaît.

Les techniques actuelles ont beaucoup réduit la fréquence et la gravité de ces réactions qui dépendent du type de rayons utilisé et de la zone traitée. Ces réactions restent plus fréquentes lors d’irradiations au niveau des seins, de la tête et du cou.

Afin de limiter l’apparition de cet érythème ou de diminuer son intensité, il est recommandé de :

  • éviter de mettre des produits alcoolisés (parfums, lotions, déodorants…) ou des crèmes grasses sur la zone traitée avant la séance. Elles favorisent des brûlures superficielles de la peau 
  • éviter les vêtements serrés et préférer les habits larges et doux au contact de la peau (coton, soie) plutôt que les vêtements synthétiques 
  • utiliser des savons surgras pour la toilette de la zone traitée. Cette toilette doit être faite avec douceur. Il est conseillé de ne pas frotter directement la zone traitée, et de rincer en laissant couler de l’eau tiède sur le savon, puis sur le corps. Les douches ou les bains trop chauds sont déconseillés 
  • ne pas exposer la zone traitée au soleil en cours de traitement et dans l’année qui suit 
  • appliquer une crème hydratante recommandée par le médecin pour éviter les tiraillements de la peau entre les séances de rayons mais jamais avant une séance. Si des brûlures apparaissent, vous devez consulter votre oncologue radiothérapeute 
  • utiliser, après le traitement, un produit asséchant recommandé par le médecin, pour nettoyer une éventuelle plaie ou un suintement
Atelier socio-esthétique avec une patiente qui se regarde dans un petit miroir

CHU de Martinique  ©Jean-Marie Heidinger/Mirage Collectif

Certains médicaments provoquent une sensibilisation particulière aux rayons. On dit qu’ils sont photosensibilisants. C’est pourquoi il faut signaler au médecin tous les médicaments que vous prenez et ne rien prendre sans avis de l’oncologue radiothérapeute.

Problèmes de peau

Thorax

L’œsophage et la trachée peuvent être irrités lors d’une radiothérapie du thorax. Vous pouvez alors être gêné pour manger et avaler. Cette gêne apparaît souvent après deux semaines de traitement. Une toux sèche (trachéite) est également possible.
Quelques précautions peuvent limiter l’apparition de certains effets secondaires ou diminuer leur intensité :

  • ne pas manger trop chaud 
  • éviter les aliments acides et irritants (vinaigrette, épices, etc.) 
  • utiliser des pansements œsophagiens sous forme de sirop ou de gel à boire, sur prescription de votre médecin

Si vous avez un pacemaker (ou stimulateur cardiaque), celui-ci ne doit pas être irradié directement sans précaution ni avis préalable du cardiologue. Une surveillance médicale par électrocardiogramme pendant la séance d’irradiation est nécessaire, car l’irradiation risque d’altérer le fonctionnement de ces appareils cardiaques.

Le port d’un cathéter de type chambre implantable n’est pas un obstacle à la radiothérapie du thorax.

Tête

Une radiothérapie au niveau de la tête ou du cerveau peut provoquer des maux de tête (céphalées), accompagnés parfois de nausées et de vomissements. Des médicaments adaptés, antalgiques, anti-œdémateux ou antiémétiques, vous sont prescrits pour les soulager.

Il est déconseillé de conduire pendant et après la radiothérapie.

Pour plus d’informations, voir le dossier "Comprendre les tumeurs du cerveau".

Une radiothérapie de la tête s’accompagne d’une chute des cheveux, des cils et des sourcils. On parle d’alopécie. Elle est souvent progressive et commence 15 jours à trois semaines après la première séance de radiothérapie. 

Alopécie

Nausées, vomissements et diarrhées

L’irradiation de l’abdomen ou de la région du bassin peut irriter l’intestin, l’estomac ou le foie, provoquant des nausées ou des vomissements. Ces troubles peuvent apparaître dès la première semaine de traitement et persister pendant toute sa durée. 

Les nausées commencent souvent le soir ou le lendemain de la séance. Elles n’entraînent pas forcément de vomissements et ne durent généralement pas plus de quelques jours.
Des médicaments contre les vomissements, appelés antiémétiques, peuvent être prescrits. Si ces troubles persistent, vous devez le signaler aux manipulateurs et au médecin responsable du traitement.

Certains patients perdent l’appétit pendant une radiothérapie. Si c’est votre cas, un diététicien peut vous conseiller sur la façon de mieux vous alimenter avant, pendant et après les séances de radiothérapie. 

Une augmentation de la fréquence des selles (diarrhées) est également possible. Si les diarrhées persistent plus d’une journée ou si elles sont accompagnées de fièvre ou de vomissements, vous risquez de vous déshydrater : il faut donc rapidement contacter votre médecin.

Des douleurs intestinales comme des maux de ventre ou des contractions dans le bas-ventre peuvent apparaître. Des médicaments pour améliorer les problèmes de transit intestinal peuvent vous être prescrits. Il est recommandé de ne pas prendre ce type de médicaments sans avis médical.

Nausées, vomissements et diarrhées

Autres troubles

Une radiothérapie au niveau de la région pelvienne peut également provoquer des effets indésirables comme :

  • des crises hémorroïdaires 
  • une inflammation de la vessie (cystite). Une cystite entraîne une douleur et une envie fréquente d’uriner. Pour réduire ces troubles, il est recommandé de boire beaucoup d’eau et de prendre des médicaments pour soulager la douleur 
  • une inflammation du rectum (rectite), qui peut se manifester par des selles fractionnées, glaireuses, et parfois des traces de sang ou une inflammation de l’anus (anite) 
  • une inflammation au niveau du vagin et des démangeaisons

Effets indésirables tardifs

Des effets indésirables dits « tardifs » peuvent apparaître plusieurs mois après la fin du traitement, voire plus tard. On parle aussi de complications ou de séquelles.

 Ils apparaissent au niveau de la zone irradiée et peuvent être de plusieurs types :

  • une perte de souplesse de la peau, et/ou un œdème (gonflement lié à une accumulation de liquide au niveau de la zone traitée), surtout au niveau de la cicatrice s’il y a eu une chirurgie avant la radiothérapie. Vous pouvez masser la cicatrice pour l’assouplir. Un drainage lymphatique exécuté par un kinésithérapeute spécialisé, ou éventuellement une ponction, peuvent aussi vous être proposés 
  • des douleurs au niveau de la zone traitée et une inflammation des muqueuses (au niveau du côlon, du rectum, de la vessie, etc.) ; un avis médical spécialisé est alors nécessaire 
  • une couperose de la peau, qui apparaît 18 mois à deux ans après la fin de l’irradiation. On parle de télangiectasies. Ce sont des petits vaisseaux superficiels dilatés. Cet aspect de couperose est d’autant plus important que la zone irradiée est exposée au soleil. Il est donc fortement conseillé de ne pas s’exposer au soleil pendant la radiothérapie et l’année qui suit, et de se protéger avec une crème solaire d’indice élevé. N’hésitez pas à en parler avec votre radiothérapeute 
  • une perte de salive (on parle d’hyposialie ou d’asialie) suite à une irradiation ORL. La plupart des patients gardent une bouteille d’eau avec eux 
  • la perte définitive des cheveux  
  • en cas de cancers gynécologiques, les différents traitements (chirurgie, radiothérapie externe, curiethérapie) peuvent avoir des conséquences sur la sexualité liées à des muqueuses plus fragiles, une sécheresse vaginale accrue, une fibrose ou un rétrécissement vaginal. Le médecin peut vous proposer des crèmes, gels et lubrifiants locaux qui atténuent ces irritations localisées et diminuent ainsi la douleur lors des rapports sexuels

Le risque de second cancer provoqué par une radiothérapie est une question qui préoccupe de nombreux patients. Le risque d’apparition d’un second cancer dans la zone qui a été traitée par radiothérapie est extrêmement faible chez l’adulte.
N’hésitez pas à poser au médecin ou à l’équipe médicale toutes les questions qui vous préoccupent : des avis spécialisés sont souvent utiles.

Trouver du soutien

La maladie et ses traitements sont des moments difficiles à vivre. Ils engendrent des émotions particulièrement intenses chez la personne malade et son entourage. 

Chaque étape génère des sentiments différents. Les exprimer et les partager avec d’autres permet souvent de mieux les vivre. Votre équipe soignante peut vous orienter vers un psychologue ou un psychiatre. 

Vous pouvez également trouver du soutien auprès d’associations, de groupes de parole, d’espaces de rencontre et d’information (ERI) dans les établissements de soins, du service téléphonique Cancer info 0 805 123 124 (service et appel gratuits).

Consulter l'annuaire des associations et lieux d'information

Si l’interruption de votre travail occasionne des difficultés financières ou professionnelles, il est conseillé de rencontrer très tôt un(e) assistant(e) social(e), notamment pour essayer d’anticiper les difficultés et de les résoudre quand elles surviennent.

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